A Villetaneuse 93

JOURNAL VILTA

 DES NOTES ET BILANS DES ACTIONS DE ANNEE 2020 A VILLETANEUSE

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Utilisation de la banque d’accueil et des alvéoles dans l’ancienne piscine renommée « Le Tremplin »

AQUA

Comptes à rendre. Re : conter (comme une tentative de mise en récit dune année 2020 cisaillée, hachée, hachue, mâchurée, par irruption dun virus à haute contagion…et ses conséquences).

  • Le geste est barrière
  • Le visage masqué
  • Le corps intouchable
  • La parole bâillonnée

Tenir.

De qui tenons-nous ?

ces capacités de résister ? (  lhistoire toujours à interroger)

Tenir.

Debout.

Deux et delles, ceux et celles vivant à Villetaneuse « Seine St Denis » soutenus-tendus ensemble ? 

Tenir tête, alors que le sol se dérobe hors de leau ( flux réel, imaginaire, poétique : singulier et commun).

Qui ? jamais ne pleura toutes les larmes de son corps ?

Mais ce qui, concrets nous tint, furent, préparation et acte compris, nos propres capacités à produire, faire produire, métaboliser, transmuer des informations en formats artistiques…( donc, de différentes formes !…)

Année, 2020   ponctuée par cinq temps forts.

Premier évènement le 30 Janvier 2020 au Tremplin

Déjà, en novembre 2019, nous avions emmêlé, la structure « Point Information Jeunesse », le thème ( les ados et les animateurs référents), le Centre Social (par l’intermédiaire du plasticien y officiant), et sa directrice, les adultes de notre atelier régulier (et leurs enfants, et ceux des spectateurs ; double souci). Début décembre : « l’engagement » est le sujet retenu.
Travail conjoint avec les directeurs de service. Proposition de courts poèmes, à dire (et donc à travailler ! ) Question : qui va prendre en charge, quel type d’engagement ?… La soirée se construit. Le lieu monte en gamme : un ami éclairagiste nous conseil sur l’aménagement lumineux à effectuer, sur mesure ; nous adaptons le matériel de notre structure artistique.

L’espace gagne en beauté. En chaleur.

AYAT MUSEE EPHEMERE

Ayat

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Dahbia

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Photos Musée Ephémère

La soirée s’ouvre sous le chant de Colette Magny avec la chanson « Répression ».

La salle est pleine. Public mêlé (les enfants sont pris en charge par Yvan le plasticien qui, dans une salle adjacente va faire réaliser en modelage chats et souris à partir d’un conte togolais. Histoire d’une barque, d’un engagement amical trahi, travaillé et lue auparavant au Centre Social). Le responsable du service jeunesse distribuera la parole aux responsables d’associations investis (association Oued Mait, association Jess d’Allende…), s’appuyant sur le poème de Nicanor Parra (poète chilien).

Première intervention : par Younes Gasmali, vacataire au P.I.J. lecture d’un texte de  Supervielle, «  Je suis seul sur l’océan et je monte à une échelle ».

Deuxième intervention : poursuite de la fiction concernant ce bateau négrier qui « devenu » conscient décide de se fracasser plutôt que de continuée à… Heureusement réparé par un armateur contemporain, il servira à « sauver » des passagers fuyant famine et guerre.

Engagement humanitaire

Troisième intervention : deux habitantes qui, dans l’édition précédente, avaient rendu cette image tragique de l’enfant au pull-over rouge, retrouvé, le visage, dans le sable près de l’eau, mettent en récit (texte écrit par elles, renforcé par celui de Goethe) à deux voix ce qui leur arriva en début du mois (enfants d’ailleurs et d’ici) : elles ont aidé à protéger, traduire, accompagnent (appelant les secours), parents égyptiens et leur petite fille attaquée dans la rue par un molosse mal tenu en laisse.

Engagement écologiste 

Quatrième intervention : autre préoccupation (car l’agrandissement du champ de vision reste impératif ! ) par l’intermédiaire d’un texte de Marie Desplechin, « du souffle dans les mots », adressé aux ados présents. (Enfants du monde et d’aujourd’hui)

Engagement citoyen

Cinquième intervention : pour fermer la boucle, mise en perspective d’un discours de Mirabeau, présenté par une habitante, assumé par un comédien depuis le dernier cadre, tableau « historique » sur la banqueroute 1789….

Engagement politique

Déroulé au sol, par animatrice PIJ, du texte de Karl Sandburg, qui délimite tout en rendant tangible une zone de passage entre acteurs et spectateurs « Je suis le peuple ». Une de nos intervenantes condense et restitue dans sa voix, toutes les voix. Et disparait.

CECILIA ENGAGEMENT

Cécilia

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photos Intérieur de l’espace du « Tremplin » (ancienne piscine), une élue en action

Engagement d’élu.e.s.

Les enfants surgissent de la salle continue offrant au public leur modelage miniature.Nourris doublement, nous échangeons, grand bonheur.

Ces engagements-là, intenses, nous permettent de franchir tout obstacle jusqu’au 17 octobre. Entrainement vocal, mental, physique renforcé par la conscience du rôle de l’Histoire, de la Parole, du Corps, du corps social.

MODE : COMBAT

ACTE CONSTITUANT

Alors que, grâce à une maïeutique continue, (tacts, contacts délicats et en prenant appui sur un poème de Kiki Dimoulà – poétesse grecque – intitulé Signe de Reconnaissance, « voir texte en annexe » et après fait écrire les participantes sur ce même thème…) ), nous avions pu présenter (et après une visite au musée Rodin commentée par une conférencière – thème : le corps de la femme dans la sculpture), en ce « musée éphémère », la libération à vue des femmes, ponctuant au Tremplin la Journée Internationale des Droits des Femmes (et les chaines, cordons, cordelettes, nœuds entrelacés d’interdits, défaits, tombaient sur socle) alors que s’opérait un changement performatif : de statue…à ce nouveau statut, acquis, manifeste, celui d ’auteure de leur propre parole, singulière, poétique, et que déjà des « spectatrices » se proposaient, pour elles aussi, être de cette expérience, s’inscrivant dans le processus de projection visé, une confiscation soudaine, imparable, absolue, non négociable des corps fut décrétée. Ennemi inconnu, invisible, virus porteur de détresses, et pas seulement respiratoire.

SABHIA

CONSTANTINA ME

Constantina

 

 

 

 

 

 

 

 

 

photos du Musée Éphémère (Journée Internationale des Droits des Femmes) intérieur de l’ancienne piscine

En résidence à Villetaneuse, et coordonnateur de la stratégie d’une municipalité travaillée par les questions d’Histoire, des mémoires, alors qu’un second vacillement faisait trembler structures habituelles, repères pour des habitants soutenus, nous fûmes interrogés par Mme le Maire (Carinne Juste) à propos du 8 mai : moment républicain qui ne pourrait avoir lieu physiquement.

Or, réfléchir sur la disparition des traces, la méconnaissance, l’incompréhension de ce qui fait communauté de sens, sur un territoire comme celui de la Seine St Denis, nous obligeait : d’où venons-nous, d’où vient cette République qui nous constitue, y compris ici et aujourd’hui ?

Ces murs qui avaient emprisonné (physiquement, pendant une seconde guerre mondiale, dans une lutte à mort des résistants et résistantes), devenus murs écrans, murs d’images, allaient nous donner la possibilité de continuer de créer, avec, autrement. Une commémoration virtuelle : sans possibilité de rencontrer, de toucher, de serrer, d’embrasser, d’infléchir, de réagir, à ces subtiles expressions des habitants et habitantes… des mains, des épaules, des lèvres, des paupières, pauses, des ouvertures soudaines, flux de paroles, qui contribuaient à réajuster les propositions que nous leur faisions au Tremplin (notre lieu de création), sans oublier les incompréhensions dues aux langues.

Il fut donc décidé pour faire Histoire, (histoires) commune, de nous appuyer sur ce qui s’inventa pendant la seconde guerre mondiale, qui pourrait donc s’inventer aujourd’hui alors que la tétanie psychique gagnait : le Conseil National de la Résistance, programme dit « Les Jours Heureux » (qui n’était pas qu’heureuse formule).

Résistantes d’hier, d’aujourd’hui sans oublier les hommes.

Fut donc élaboré, en partenariat avec Mme le maire, un discours qui donnerait possibilité de faire réapparaitre les visages, portraits dessinés de ces résistantes, avant de constituer à l’image une première installation rassemblant leurs photos d’identité. La remémoration opéra, initiée par la transcription de la formule (forcément manquante : « ouvrez le ban ») accompagné d’un drapeau bleu blanc rouge en mouvement soutenu par la voix inaltérable d’une flûte traversière jouant le Marseillaise. Le portrait de Mme Pierrette Petitot, première femme maire, figure connue des Villetanesiens, tirant le film d’avant-hier à aujourd’hui.

Les directions impulsées par ce CNR furent occasion, au cours de conversations longues téléphoniques (pas d’autres choix !) avec les habitants et habitantes, de « réinterroger », autrement (écoute, échange, difficulté, deuil, solitude, en même temps que volonté de fer, de tenir, énergies redistribuées engagées) ; inventant pas à pas… « et pour vous, les nouveaux Jours Heureux, à quoi cela ressemblerait ?». Il était précisé que la photo prise serait constitutive d’un collectif (mur d’images virtuelles) mais pas obligatoire, (difficulté de se prendre en photo, où d’être pris, puisque confiné, ou encore masqué puisqu’en action) ; précisé  encore : que le texte n’était pas obligatoire… oui, le fils pouvait écrire à la place, oui, à plusieurs mains, oui, avec « des fautes ».

Échanges continus ; d’autres noms, personnes investies, associations sont proposés. Cercle vertueux : on nous appelle, car on a appris que… contamination positive.

Le discours de Mme le maire, en prise avec des habitants touchés, doublement, sensiblement apparaitra comme occasion de rendre gré et place aux invisibles d’aujourd’hui : femmes ou hommes, aides-soignants, livreurs, caissières, infirmiers, bénévoles, engagés…. Le mur d’images, « animé », mouvant, permettra d’en pré-nommer certain certaine. Cette Marseillaise réécrite dans un format très actuel, fermera symboliquement le « ban ». Disparaitra cette mosaïque d’individus qui constitua une représentation d’un temps politique, vu à travers le portrait de la première magistrate incarnant un projet. Reste la texture souple et frémissante du bleu blanc rouge. Continuent de défiler à l’écran, visages et textes de celles et ceux, investis, contributeurs.

Fonction de cet acte culturel ? (acte vu en direct le 8 mai dernier sur le site internet de la commune de Villetaneuse). : recréer à l’aide de la parole, seul outil à disposition, dans cette période de confinement « intraitable », le bien-commun. Prendre appui sur le rappel d’une Libération pour relire ce par quoi la république tient : par des actes de reconnaissance de ceux et celles qui l’habitent, autres libérations.

Et aujourd’hui, à Villetaneuse ?

Faire évoluer la réflexion sur « la délivrance » des corps, en y intégrant ces nouveaux paramètres liés à notre nouvelle situation collective : que sont les chaînes de transmission ?  et réfléchir autrement sur ce qui se transmet du passé, ou de la maladie… pistes pour d’autres inscriptions artistiques, sans oublier, puisqu’il est question de reconnaissance, et que nous avons intégré l’image dans nos productions, la reconnaissance dite « faciale », enjeu d’une perte, mettant en question nos libertés désormais sous surveillance.

Etre à l’écoute de ce qui se joue ici, désormais, dans cette insertion de temps de crise « covid » afin de détecter quelles économies, quelles pertes, quelles résistances, quels gains nouveaux, quelles solides solidarités nouvelles.

Recroiser les mailles afin de faire tissu social serré. Oui, évoquer les temps des exploitations, des annexions, des confiscations, des aliénations, des colonisations, mais par l’entremise d’une lecture et traduction artistique – obligeant une ré-intérrogation dépassée de notre présent commun, d’un futur incertain !

Visite du Musée Rodin à Paris avec une trentaine de participants avant que la création au Tremplin du musée éphémère  le 7 mars 2020 pour la journée internationale des droits des femmes

 SCENOGRAPHIE TELEVISUELLE DE LA COMMÉMO DU 8 MAI 2020

Première image sur l’écran : les couleurs rouge, bleu, blanc virevoltent, c’est l’image de démarrage du petit film pendant ce temps que Jessie Norman chante et ce, jusqu’au « deuxième l’étendard sanglant est levé »

L’écran revient alors sur le blanc du drapeau qui devient la couleur du mur de fond sur lequel on voit apparaitre un par un les portraits sépias des résistantes relayés immédiatement par la photo noire et blanc, le texte de présentation de toutes ces résistantes serait entendu (préalablement enregistré par une personne) le dernier portrait ou plutôt la dernière photo noire et blanc serait celle de Mme Pierrette Petitot , remplacée par une apparition photo-couleur de Carinne (la couleur étant le signe du contemporain) ceci avant de la voir apparaitre (avec son écharpe bleue blanc rouge). Mais cette fois-ci « incarnée » commençant son discours (première partie : valeur de la résistance, programme CNR… les Jours Heureux) … ensuite dès qu’elle commence à parler de ce qui se passe aujourd’hui (deuxième partie : combats des femmes, et des hommes) à partir de ce moment, sur  l’écran derrière elle, on voit apparaitre une constellation de photos portraits (petites photos d’identité) des femmes et hommes engagés aujourd’hui (les invisibles).

Carine poursuit son discours, puis son propos finissant, on voit le mur rempli de la totalité des visages de ces femmes (battantes) d’aujourd’hui (en surimposition on pourra lire la question : A vous qui êtes aujourd’hui privés de certaines libertés

En 1940/45 les français(es) virent leur Liberté confisquée. Beaucoup d’entre eux (elles) entrèrent en résistance ; et c’est à l’intérieur de celle-ci qu’ils (elles) mirent au point le programme du Conseil National de la Résistance intitulé : « LES JOURS HEUREUX ».

Ce moment que nous vivons de « liberté surveillée » prochainement prendra fin.

Alors vous, comment imaginez-vous les futurs « JOURS HEUREUX » ?)

Commémoration du 8 mai 1945
Les jours heureux – Résistance d’hier et d’aujourd’hui

Cette année, en raison du confinement, la municipalité de Villetaneuse commémore la fin de la seconde guerre mondiale de façon  virtuelle, autour d’une allocution de Mme la Maire, de portraits valorisant des figures de la résistance d’hier et d’aujourd’hui et de textes écrits par les habitants autour de leur vision des « jours heureux ».

A vous qui êtes aujourd’hui privés de certaines libertés…
Et si nous nous interrogions collectivement pour la commémoration du 8 mai 45 ce jour 2020 ?

En 1940/45 les français(es) virent leur Liberté confisquée. Beaucoup d’entre eux (elles) entrèrent en résistance ; et c’est à l’intérieur de celle-ci qu’ils (elles) mirent au point le programme du Conseil National de la Résistance intitulé : « LES JOURS HEUREUX ». Ce moment que nous vivons de « liberté surveillée »prochainement prendra fin.

Alors vous, comment imaginez-vous les futurs « JOURS HEUREUX » ?

 Les réponses furent très nombreuses…

mq3-1Lien film pour le « 8 mai 45 » : https://youtu.be/CmuYJyqEzrU

PERFORMANCE INTITULEE         

« UNE COULEE DE L’HISTOIRE » Ce 17 Octobre 2020

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L’équipe d’intervenantes

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Maryvonne Vénard en action

 

photos répétition pour le 17 Octobre 61

Le public assis, debout, regarderait : sur sa gauche, là où habituellement il croit voir des corps immobiles, sombres, statufiés, il perçoit désormais des formes, que l’on pressent humaines (investissement d’un groupe d’habitants, hommes et femmes), hautes, assisses, penchées, agenouillées, toutes, les connues et les inconnues, recouvertes d’un drap blanc comme avant tout geste inaugural. Elles sont nombreuses et remplissent l’espace jusqu’au pupitre, qui déclenche habituellement la production des textes.

On entend une voix d’homme s’interroger  sur l’eau, indifférente, le fleuve oublieux, la Seine à jamais muette, tandis « qu’un appariteur » (autrement écrit : un comédien) installe, déroule, un flot de tissu noir mêlé de bleu (symbolisant la Seine la nuit), entre les statues, créant visuellement la surface sombre de laquelle, puisque la voix s’arrêtera sur ce qui a été recouvert, un certain automne émergeront, dévoilés par ce même appariteur, des corps de femmes, qui feront remonter à deux mains des paniers de métal circulaire (balances dont les mailles captureront des morceaux de souvenirs, que l’on croyait perdus).

L’appariteur se saisira l’un après l’autre de ces balances qui recèlent, cachés, un haut-parleur miniature, diffuseur des textes enregistrés au préalable et des objets (chaussure d’enfant, cravate d’homme, porte-feuille usé etc…), mentionnés dans les récits. Lesquels objets seront « prélevés » par une assistante, qui les recueillera et les positionnera – témoignage, relique ? – dans de grandes boites – consultables par tout citoyen.

Les draps sont aux pieds des femmes debout : la performance s’achève sur le cortège de celles-ci (écho à l’appel des Femmes à la manifestation pacifique du 20 Octobre 1961). Elles portent les tissus comme suaire dans leurs bras, aux cris retenus : « libéré nos maris et nos enfants ». Elles s’arrêteront devant deux autres présences : le texte de Robert Desnos la « voix » résonne, clôturant sur cette voix nouvelle, revenue du passé et s’ouvrant sur l’avenir : « et vous ? ne l’entendez-vous pas ?

Elle dit : la peine sera de peu de durée

Elle dit : la belle saison est proche (possible intervention d’autres voix, porteuses de réconciliation)

  • Ne l’entendez-vous pas ?