














LIGNES DE VIE PROJET SUR LA SEINE SAINT DENIS
SOMMAIRE
PREAMBULE PAGE 1 – 2
GRANDES LIGNES…
POUR UN TRACE D’AUTRES LIGNES DE VIE PAGE 3 – 30
PERSONNES RENCONTREES OU CONTACTEES PAGE 31 – 38-34
PREAMBULE
Proposer des actes de belle résistance… à poser, comme on pose des pierres… de forte résistance!
Aux habitants de la Seine St Denis qui :
– avant-hier , ont été des résistants, internés, déportés, se sont battus, pour qu’aujourd’hui nous ayons droit (donc nous avons devoir, de mémoire ), droit d’être libres, citoyens.
… ce que nous devons à la résistance encore vivante :
– qui, hier, élus, ont développé des politiques culturelles, urbaines, aboutissant aujourd’hui à des contrats de coopération région-département, volonté politique, en accord avec l’état… et récemment encore, précisément articulés autour du patrimoine…
… et nous restituerons cette « mémoire résistance » dans des lieux signifiants (Les Lilas, Noisy le Sec, Bobigny Drancy) et nous créerons ce qui deviendra pour les générations à venir des objets, scénographies, écritures, images arrêtées ou animées…
… ce que nous devons aux territoires, travaillés bien sûr par des tensions, mais aussi amendés par des hommes et des femmes ; nous devons donc continuer de produire des preuves, traces artistiques de nos passages ici bas.
Aux habitants de la Seine St Denis qui :
– aujourd’hui , sont mobiles, étrangers, population jeune et mouvante…
… sur ce territoire « les étrangers » aussi furent des résistants !
… mais, ces jeunes, parce que leur histoire est déchirée, mérite encore plus d’attention ; et les équipes éducatives sont animées d’une énergie tendue (tous les établissements scolaires, collèges et lycées, interrogés par une représentante de l’inspection académique ont répondu « présents » sur la méthode envisagée pour la mise en action de cette démarche).5
Aux habitants de la Seine St Denis qui :
– demain , sur ces lieux mêmes seront à leur tour les vecteurs vivants, acteurs responsables d’une connaissance concrète, tangible, celle d’un espace où ils vivent, fragment d’un territoire national où doit s’inventer individuellement et collectivement une démocratie laïque, à porter haute.
… ou qui demain, ailleurs emporteront en eux ces pelotes de pollen –
les valeurs de la résistance sont universelles – constitutives de l’être citoyen : elles leur permettront, partout où ils se trouveront, de s’appuyer sur cette architecture intérieure qui nous fait tenir droit et debout.67
« GRANDES LIGNES… POUR UN TRACE D’AUTRES LIGNES DE VIE »
… Ou encore : diagramme projeté, décrit à la pointe sèche, virtuellement déployé depuis un territoire, la Seine Saint Denis (quatre communes pressenties), pour une période longue, quatre années, traversé par ces lignes à haute tension qui furent actes de résistances : lignes de haute vie contre lignes de basse mort.
Figure d’une géométrie dans l’espace… car apparue depuis un patrimoine singulier, puissant, sur quatre emprises :
– militaire : le Fort de Romainville des Lilas
– ferroviaire : la Gare de Triage de Noisy le Sec
– industrielle : l’ancienne gare de Bobigny
– urbanistique : la Cité de la Muette à Drancy
Or cette figure géométrique que nous allons ouvrir s’arrime à ce que furent, dans nos expériences antérieures, points d’ancrage, de contact, points d’impact… ( les vecteurs, mille et une flèches, sont tous orientés, vers plus grande lumière… autrement écrit : ne serait-il pas de notre propre responsabilité de rendre le monde intelligible ? Le chaos décombre, sans fin, des peuples… mais depuis cette boîte de nuit noire, la voix humaine, claire s’élève, et avec elle l’irrépressible puissance de sa force inventive). … et donc, des points de contact : – l’Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation , sachant, (nous le revendiquons), que toute demande venant de cette vaste trame entrelacée d’institutions, d’associations, d’entreprises, de structures, mutualités, de collectifs culturels, municipales, départementales ou régionales, trouve écho, réverbérée en proposition, ou projet artistique, à partir de notre propre démarche de création, fit appel à nous : pour la mise « en scène » de leur assemblée générale.
– Ce qui fut fait… (création intitulée « Accords Perdus » ). La demande s’approfondit : comment mieux aider les déportés à intervenir auprès des publics ? jeunes ?…. Elaboration de modules artistiques, (avec des comédiens) points d’appui pour les interventions parlées de résistants-déportés : une année scolaire 2001/2002… reconnus par la Drac, et l’interface Art-Culture de l’éducation nationale, un Centre Régional de Documentation Pédagogique- Champagne Ardenne, qui tourne une vidéo en direction des enseignants, validée par le Centre National de Documentation Pédagogique, en circulation actuellement.8
INTERVENTION ARTISTIQUE DANS LES CLASSES DE COLLEGES ET DE LYCEES
– Fut reconduite, démultipliée, la démarche (en 2002-2003) jusque fin de ce mois d’avril ; sachant qu’en octobre 2002, l’élargissement de la réflexion était nécessaire : des déportés ? des revenants ? des revenus ? des résistants ? fatalité de la déportation…comment résister ?
– Des points devenus segments : multiplication des modules, vérification de leur pertinence, correction, réajustement… (se rejoueront pour les Mutuelles de
France dans le cadre de la semaine de commémoration de la déportation fin de ce mois d’avril, à Paris).
– Des points de jonction : en 2001-2002, la scénographie pour la rotonde de la SNCF d’Avignon, festival ; lignes de chemin de fer qui nous entraînaient, ou « comment passer d’un réseau à un autre, la toile du Net ?
Qu’y perdons nous ? Qu’y gagnons nous ? Pris dans l’un ou l’autre, de quoi sommes-nous encore responsables ? puisque l’un et l’autre nous transporte, nous
porte, nous déporte ? hors de ? »
– Des points de rencontre, pour un enracinement de la réflexion :
* les directeurs, présidents de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, de l’Asssociation d’Etudes pour la Résistance Intérieure… plus, de nombreux
résistants et résistantes – en Champagne Ardenne et en région parisienne – (oui, nous travaillons sur les valeurs de la résistance, ce qui vaut de vivre… ne vaut pas
la peine… ou de mourir…).
* … et la lueur bleue, fulgurance d’un arc électrique, point de surtension, vive, d’une intelligence, au Ministère de la Culture (Drac Ile de France)9
* des maires adjoints, des conseillers généraux, des responsables politiques en Seine Saint Denis… sollicitation pour un projet de commémoration, dans le fort de
Romainville ? commune des Lilas ?… agrandi au Prè St Gervais ? demande d’un collège de Noisy Le Sec… une synergie…fils tendu, de part en part : le projet est
complexe, mais les limites de cette chambre d’écho que fut la « salle de classe » (plus d’une centaine de représentations, suivies de débats avec les résistants-
déportés) se déplace jusqu’à prendre sens sur ce territoire : une réflexion dont l’axe serait la résistance aurait toute raison d’être.
– Des points d’impact :
* déflagration : un candidat d’extrême droite au deuxième tour sur le territoire national – notre pays…
* des corps pris en otage d’une machinerie de guerre, juste à côté de nous, en Irak.
– Et un point d’interrogation :
* qu’est-ce qui fait, obstinément « écran » pour que nous ne puissions être sur le « qui vive » , nous, les vifs ? les morts nous saisiront-ils toujours – ? et si,
précisément, obligation nous était faite de travailler à mains nues, sans prothèse oculaire, auditive, sans filtre, sans casque de réalité télévisuelle, virtuelle ?
Or nous savons que le réel ne se donne pas, sans une plongée… ; prenons le…. soyons dans son « emprise ».
… de cette boîte théâtrale dans laquelle nous avons rêvé… ouverte désormais depuis vingt ans, puisque nous n’y avons pas trouvé, appelée en vain, comme en
boîte de Pandore, l’espérance, nous avons gardé la nécessité du corps habité par la langue charriée par sang, sucs et salives… mais nous avons, cherché, sans relâche, tout lieu, habité, occupé, en gestation, en re-configuration…
– Avant-hier, une rotonde en Avignon « était travaillée » par des salariés à l’ouvrage tandis que nous étions à l’œuvre… projet « Transfert-Epress »
– Hier, une médiathèque dans la ville de Troyes, neuve apparition dans le paysage était rendue, « remise » aux citoyens et aux bibliothécaires par un travail
d’appropriation, projet « Cartiers Libres », suivi de visites guidées : « Les Cités Délivrées », dans le lieu.
Le patrimoine, c’est à dire, là où des êtres humains ont vécu, travaillé, souffert, rencontré, appris, sont nés, sont morts, et continuent de travailler, souffrir, vivre, naître, mourir, nous semble être ces espaces où doit, pour faire sens, s’inscrire ce qui nous permet de nous lire, de nous relire, relier (tentation sans doute obsédante de dépasser nos erreurs ; de ne surtout pas les reproduire…l’histoire béguë, quelle autre énonciation serait possible ?) D’où suis-je venue ? que suis-je en train d’inscrire ? quelle trace de mon être ai-je envie d’abandonner ? Cette ligne de crête formée d’actes de résistance si hauts, comment puis-je la poursuivre ? et aider d’autres à la déchiffrer, à la continuer ? Bombe nucléaire, bombe informatique,10 bombe génétique ! ces explosions de plus en plus rapprochées dans le temps long de l’Histoire acculent à passer à l’acte là où précisément se trouvent (se perdent ?) nos mémoires, nos consciences, nos corps désarmés : là où en Seine Saint Denis le patrimoine en porte encore les stigmates, lui qui a été violemment touché pendant la dernière guerre. Et plus radicalement :
– dans le Fort de Romainville, là où des résistants, otages, furent emprisonnés, avant d’être déportés,…
– sur le nœud ferroviaire de Noisy le Sec bombardé le 18 avril 1944
– depuis l’ancienne gare de Bobigny, d’où les trains emmenaient la population par wagons mortifères
– au cœur de la Cité de la Muette à Drancy où se succédèrent des prisonniers, des déportés… et enfin des collaborateurs
Or, comment des hommes et des femmes ont-ils pu continué à avoir la capacité d’inventer des résistances -feu à réanimer- ? chaque architecture (donc chaque
commune) ayant gardé en mémoire ces actes là…
PASSER A L’ACTE , A L’ACTION C‘ EST–A–DIRE NE PAS DE–MISSIONNER
AUTREMENT DIT : S’ENGAGER
« La Résistance, pendant la clandestinité, gardienne des idées de liberté, d’égalité et de fraternité a légué aux nouvelles générations un patrimoine inestimable : la qualité retrouvée de citoyen, et ce trésor qui s’appelle « carte d’électeur », cette carte reçue comme un droit, exige l’ex ercice d’un devoir, celui de participer à la gestion attentive d’une démocratie digne de celles et de ceux qui sont morts pour elle » écrit Lucie Aubrac, co-fondatrice du mouvement libération-Sud.
Chaque projet se nourrit, se charge, s’augmente, se grandit d’une mission que nous nous attribuons à nous-mêmes, muettement ou ouvertement : notre raison d’être « sociale » ! et « artistique » ! pour quelle raison ce projet là et pas un autre est-il nécessaire, dans ce territoire là et pas dans un autre, à cette époque là précisément de notre histoire ?
… et pourquoi ne peut-il être « qu’artistique » (et pas économique ou politique ou écologique ou sociologique…) ?
– Et toute mission passe par « de » la connaissance et « de » la reconnaissance, par des signes et des symboles décryptés ou retranscrits ou inventés.
PREMIER PASSAGE A L’ACTE… OU COMMENT PREPARER LA COMMEMORATION DE LA LIBERATION DES LILAS AU FORT DE ROMAINVILLE, LIEU OU FURENT EMPRISONNES DES MILLIERS DE RESISTANTES ET RESISTANTS…
Les résistants, pour se reconnaître, utilisaient des « pass »… c’est-à-dire des cartes (postales le plus souvent) découpées de manière aléatoire, en deux parties, portées par deux personnes qui ne se connaissaient pas et devaient ainsi, en montrant à l’autre dans l’entrebâillement d’un portefeuille, ou en la sortant d’une poche intérieure d’un manteau,12 signifier que l’autre était digne de confiance, et était bien celui, celle que l’on attendait (à qui on devait donner des renseignements ou conduire en un lieu sûr… trait d’union indispensable, sécurisé, au fonctionnement d’un réseau).
Prendre appui sur ce « signe de reconnaissance », qui réactivait le sens premier du mot symbole (un objet brisé en deux permettant « coûte que coûte » de savoir que l’autre était bien celui qui…), en le déclinant comme suit : travailler dans le cadre de classes « découverte » ou « patrimoine » ou, et, avec des associations de clubs photographiques, avec des peintres établis dans les communes, sur les plaques bleues des rues (portant le nom, la date de naissance et de mort d’un, d’une résistante), sur les cafés, mairies, lieux où opérèrent des résistants, actes forts qui font encore sens pour des population d’une commune (exemple : les deux petites filles juives emmenées malgré la directrice de l’école Hoüel, qui en cacha d’autres, dans la commune de Romainville…
vivace souvenir pour une génération de grand’mères) : photographier précisément, en réfléchissant au cadrage, serré, ces fragments de territoire ; ou les faire peindre par ceux qui le souhaiteront ; les transposer au format carte postale, les faire découper par les enfants, adolescents, adultes, concernés par ce projet, qui en garderont pour eux, une moitié, l’autre étant remise, le jour de la commémoration de la libération, à l’entrée du fort de Romainville, aux Lilas, par eux-mêmes, participants actifs, comme un délicat « laissez-entrer », accroche ludique et grave, remis aux anciens, aux responsables, aux « présents » quiviennent là pour commémorer, depuis leur histoire…
Outre l’amélioration de la relation intergénérationnelle, la lecture de la ville nécessaire pour connaître et comprendre ce qui fut vécu dans ces13 lieux traversés quotidiennement, en aveugle, permettra de développer une forme de complicité basée sur la connaissance et le respect, complicité quasi immédiate entre celui, celle qui aura préparé, choisi son morceau de ville et celui qui en connaît déjà l’histoire (comme acteur, ou témoin relais, ou fils, fille, ou familier des faits). Ceux qui entreront dans le fort se verront reconnus jusque dans une de leur manière de faire. Connaissance du territoire et reconnaissance des êtres résistants : la mission de reconnaissance effectuée par nous avec des populations (classes, associations…) débouchera sur une connaissance profonde, précise, circonstanciée, historique, du lieu où l’on vit…
Car passer du dehors au-dedans (de l’extérieur d’un morceau d’histoire, à l’intérieur d’un lieu déserté, vacant ; le fort appartient à l’armée, inconnu de la population) est un acte majeur, dès l’entrée. Un lien souple, long cordon tenu par les enfants, adultes qui auront préparé la commémoration entraînera délicatement la foule de ces acteurs devenus spectateurs jusqu’au devant du monticule de terre qui semble, seul, pouvoir supporter une action. (Le bâtiment central, aux nombreuses fenêtres, dans lequel étaient enfermés les prisonniers, continue de porter l’image de la prison ; les casemates, verrouillées sur des archives, sont inaccessibles. Et dans la cour impossible de parler en « leur » nom, à « leur » place…)
Il s’agissait bien d’actions collectives : le réseau – maillage mobile, se déplaçait entraînant les autres, solidairement, comme celui concret qui nous aidera à prendre conscience que le travail de mémoire ne peut se faire que nombreux, cernés, concernés par un lieu tangible.
DEUXIEME ACTION… OU : ENCORE QU’EST–CE QUE LA LIBERATION DONT UNE COMMEMORATION POURRAIT PARLER ?
Toute mission nécessite une implication maximale, réquisitionne la vigilance de l’être entier… et donc nous nous sommes impliqués, sommes allés arpenter les lieux.14 Action possible… S’engager réclame un investissement physique : sur la pente douce, (à l’endroit où les couleurs sont levées) les uns contre les autres, des corps empaquetés, une multitude d’amas confus. De ce tas informe et qui recouvre comme pierres nombreuses la terre herbue, se révéleront peu à peu, corps enroulés dans la position fœtale la plus recroquevillée, en une libération progressive, des êtres vivants qui distendront jusqu’à la craquelure, la déchirure, ces cocons faits de mailles
– tissées, non – tissées : chacun ayant secrété sa propre enveloppe, matrice à métamorphose ; et à partir de la posture immobile ou groupée (figure du gymnaste avant l’envol) atteindra la figure agrandie, bras et regards levés pour constituer une foule debout, innombrable, remplissant la pente, resurgie, en une chorégraphie silencieuse (ou alors quelle réorganisation sonore envisager ?).
Le travail pourrait être fait avec des classes de danse, ou écoles de danse, associations…, en fonction des échanges que nous aurons dans les communes. Renversement de situation. Résistance des matériaux tendus, à craquer, opposés à la volonté d’apparaître, d’être debout comme un soulèvement de la terre… lent, long, inexorable… en marche, quasi.
Adéquation au lieu : enracinées dans la pente non bitumée, non bétonnée, ouverte comme un amphithéâtre surélevé, d’autres espérances croissent.
Car c’est le donné qui réclame, c’est l’espace lui-même qui appelle un autre type d’occupation en excluant celles qui furent trop effrayantes, nous permettant de nous inscrire dans le champ des mémoires à ensemencer, et le vivant, le dépassant, d’imaginer, d’imposer d’autres représentations, faisant ainsi acte de culture.15
…LUTTER CONTRE « PIRE QUE TOUT » : L’O-MISSION
Résister à l’attraction vertigineuse de ce trou de mémoire commun où s’engloutissent douleurs, erreurs, errements, mais aussi marques de civilisation, nos écritures, de vivants, avant qu’il ne nous avale, (parce que, baignés que nous sommes dans l’eau tiède des images, nous ne savons plus où se trouve la bonde par laquelle, point aveugle, tache noire de l’œil du cyclone, s’engouffrent, accélérés, les tourbillons d’une histoire devenue incontrôlable.
Oubliés-là… restèrent, quand la ville des Lilas fut libérée, à l’intérieur du Fort, outre les onze corps torturés, fusillés, dont ne nous pourrons que respecter, muets, les disparitions, des monceaux de colis… qui avaient été envoyés, par des résistants (familles ? amis ? alliés ?…) à des résistants et résistantes, pour leur signifier qu’ils pensaient à eux, qu’ils continuaient au-delà de tout dénuement à amasser malgré tout de précieux trésors, trésors infimes de nourriture, trésors infinis d’amour.
Appuyons-nous sur ce que nous imaginons d’ingéniosité, de ruses, d’inventions pour fabriquer d’autres colis, chargés cette fois de ce que nous donna, légua la résistance, à partir des textes du Conseil National de la Résistance : la capacité pour nous de vivre libres dans une démocratie… et analysons avec le maximum de jeunes, collège, lycée, lycée professionnel, la déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’assemblée générale dans sa résolution 217A du 10 décembre 1948. Que lui devons nous ? Dans l’exercice de nos libertés, égalités, fraternités ? Des fragments de ce texte, compris seraient écrits dans le dedans des enveloppes (« poche de résistance » !) de ces nouveaux colis… et à l’intérieur, chaque élève (mais d’autres personnes venues d’autre structures pourraient participer également à la réflexion et à la réalisation autour de ces objets) fabriqueraient à partir de ce qu’il imagine vital, un « cadeau » élaboré, symbolisation des valeurs découvertes ensemble.
Pour faire prendre conscience à chacun des acquis dont nous sommes redevables à la Résistance (l’exemple le plus incontournable étant la protection sociale). Ce serait l’ensemble de ces nouveaux colis, installés donc sur le terre plein surélevé du Fort, (le contraire donc du tout acheté, « prêt à consommer », « prêt à cuire », « prêt mâché », « prêt digéré ») qui16 constituerait la monnaie d’échange contre l’autre moitié du « pass » ; et les deux parties (celles qui donne, pérennise par la volonté politique, et celle qui recevant, ayant intégré ces morceaux d’histoire, devient en capacité de rendre…) se rencontreront dans un échange ludique et verbal, (« … non ce n’est pas l’autre moitié de ma carte, la mienne commence par Danièle CAS… et sur la tienne il y a écrit …AUTRET ») sur l’esplanade du Fort de Romainville. D’une histoire tétanisée, axphysiée dans un endroit forclos, une neuve irrigation conduite médiatisée, par l’objet et la parole, improvisée. Cette méthode d’élaboration (de cartes et colis) peut être étendue progressivement au cours des mois à l’ensemble des communes pressenties pour le projet de départ (Les Lilas, Romainville, Le Pré St Gervais, Noisy le Sec, Bobigny et Drancy) ainsi qu’à d’autres communes du département bien sûr. La communication du projet se ferait à partir de l’évolution de ces cartes et serait une communication en réseau innervant transport en commun, tram, lieux de distribution, gares, cafés, mairies etc… de manière continue, toujours surprenante puisqu’il pourrait y avoir plusieurs séries de cartes. Au dos figureraient, outre le titre du projet et une formule emblématique décrivant un fait de résistance, d’autres « faits » qui ponctueraient la série d’actions réalisées dans tous les ateliers, mobilisant la population des communes.
Colis vivants, habités ou fabriqués : chacun devient cadeau, remet en branle, recoud, reprend le fil de l’histoire, ligne longue déchiquetée par la mitraille continue des informations en direct, reprend en main cette ligne de vie pour décider comment en poursuivre le dessin, à l’intérieur de sa propre main. L’écriture viendra juste accompagner ces nouvelles constitutions : les messages énigmatiques, surréalistes, poétiques, apparemment absurdes envoyés sur les ondes pour annoncer, préfigurer l’arrivée d’hommes, de matériel, d’information… ces messages codés seront repris. Déchiffrés ? interprétés ? ils serviront de modèle à d’autres messages qui eux communiqueront sur l’ensemble des actions mises en place dans les communes (nous référant toujours bien évidemment aux valeurs et à la plus-value républicaine apportée par la Résistance).17
DE L’O-MISSSION A L’ E–MISSION
Les formules (ces messages) seront lapidaires mais la prise de parole bien réelle… il s’agira d’émission vocale, simple qui donnera à entendre la multiplicité des langues présentes dans le département, comme la réduction, la modélisation d’un réseau de connivence, de solidarité, de complicité, d’énergies autour du même concept. Surgiront forcément des questions autour de tout langage codé : qui doit comprendre ou ne pas comprendre ce langage ? La langue française, facteur d’unification nationale, à connaître, maîtriser, autorise, comme toute langue l’invention. Cet autre patrimoine vivant, doit lui aussi être connu, exploré, doit permettre le jeu, en appelant une réflexion sur les termes choisis. Les messages lancés sur les ondes, ou écrits par les résistants, étaient grammaticalement simples, un sujet, un verbe, un complément, sauf, qu’écrire : « les sangles au long… ; des vies au long… deux l’ôtent, tonnent… » coûtera peut-être la vie à des dizaines d’hommes et de femmes.18
Parallèlement, les acteurs de la Pierre Noire, eux aussi émettront, donnant à entendre, sur les ondes mais aussi dans tout espace de non- représentation (donc dans des formes courtes, ramassées, denses) des textes du monde latino-américain, d’auteurs contemporains (exemple envisageable à partir des « Actes de Tola » de Sepulveda, sous forme de feuilleton sonore à épisode) : ce qui fait basculer un individu en fonction de son histoire, de son âge, de sa culture, de sa classe, et le pousse à basculer dans une direction ou une autre. Au bord de la décision … juste avant que le choix ne se fasse… des vignettes emblématiques à partir desquelles l’échange se fera sur la complexité de la prise de décision. Nul espace existe pour tester des « scénarios » ; pour nous interroger collectivement sur ce qui se passe sans nous ; ce qui pourrait se passer, différemment, avec nous.19
A Noisy le Sec, là où un collège est en train de définir le contenu de son Comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté, les approches artistiques seraient transversales entre biologie et littérature, histoire et géographie. « Science sans conscience n’est que ruine… de l’âme »… mais actuellement ruine… tout court !
« NOISY LE SEC »
Car, ici, à Noisy la gare de triage (SNCF) là où les wagons se constituaient en convois de déportés, chaque segment de prise de décision ne pouvait être autonome, qui savait ? jusqu’où ? comment vivre ou ne pas vivre en sachant ? en ne pouvant décider ?. Comment aider à émettre un avis, à haute et intelligible voix, à prendre la parole, à s’engager à… Immense gare de triage : toutes les possibilités de choix s’offrent à nous ; l’esprit critique est réquisitionné pour repérer, analyser toute instrumentalisation, toute manipulation y compris marchande, y compris20 publicitaire…(quelle fonction remplit le « message » publicitaire, comment est-il élaboré ? … travaillé à résoudre la contradiction suivante : comment communiquer aux autres, comment ne pas être étouffés « par la couverture » médiatique ? comment être à l’origine de la création du « message » ? comment « contrôler » son émission ? comment le diffuser pour qu’il soit entendu ?… (ou encore : comment donner à entendre d’autres harmoniques que les bruits de fond redoutables, qui impriment l’imaginaire collectif, sur ce que « font » les banlieues).
D’autre part, ce site ferroviaire, outre l’ancienne cantine des cheminots « occupable », parce que la société Novatrans, gère entre autre un impressionnant pont roulant, y est installée, serait un lieu idéal pour poursuivre ce qui avait été initié en 94 avec des artistes de la commune… en agrandissant peut-être la représentation jusqu’à des dimensions « opératiques ». L’œuvre de Penderecki, les Requiem particulièrement, colluserait avec le mécanisme ferroviaire, lourd, dans une utilisation d’énergie, pure, quasi abstraite. Partir du « Dies Irae Auschwitz Oratorio, à la mémoire des victimes d’Auschwitz », sans corps visible, et mettre à nu l’Implacable d’une puissance machinique, celle qui se dégage de tout outil surdimensionné, treuils, grues, engins de levage… motrice. Avant de redonner la parole à tous les spectateurs (dans le droit fil de la démarche d’un Nicolas Frize)… Spectacle, en pleine nuit, plusieurs représentations, autour de la date du bombardement de la ville.21
De l’éventualité de mettre en place des « com-missions », mêlant ceux qui ont vécu et ceux qui n’ont pas vécu : résistants, historiens, bprofesseurs, élèves.
• COMMISSION de recherche de documents sur cette période en relation avec A.E.R.I.
Rencontre avec les actuels dépositaires de ces mémoires
Recherche concernant les lieux, les noms, les actes, mêmes minimes
• COMMISSION d’élaboration des objets Cartes postales pass, Colis Messages (écrits et enregistrés)
• COMMISSION d’analyse des difficultés rencontrés, des solutions à trouver, des réponses cohérentes et communes à apporter aux élèves. Echange indispensable, régulier, avec les enseignants, mutualisation des expériences. Réajustement toujours possible.
• COMMISSION d’évaluation tous les deux mois avec les partenaires, continuer ? mieux ? autrement ?22
• COMMISSION liée à la communication de la démarche afin d’éviter toute dérive, toute incompréhension, tout faux sens.
ET DONC METTRE LES ACTEURS CITOYENS DE CES MÊMES
BANLIEUES EN CONDITION DE TRANSMISSION…
La gare de Bobigny, « petite ceinture », a été pendant la dernière guerre, un des lieux d’où sont partis les convois vers l’Allemagne. Le site actuellement occupé par un « reconvertisseur » de matériaux durs, s’étale sur une étendue importante. Promis à une reconfiguration, il est inscrit dans le contrat Etat-département comme devant être réhabilité, au titre d’un patrimoine historique. Il nous semblerait extrêmement important d’accompagner la transfiguration du lieu, à partir de ce qu’il est actuellement, afin qu’il ne devienne pas un musée hors sol ; et utiliser le levier que ce lieu constitue dans sa relation très proche avec un lycée professionnel (situé juste en face) pour passer en quelque sorte « des chaos » – celui de la barbarie et celui des matériaux – à un autre ordre – celui des Raisons … Un musée ?… (mais toutes les guerres des 20 et 21eme siècle, ont-elles autre chose à montrer que charnier, files de prisonniers, corps torturés ou violentés… nous ne savons plus ce que nous voyons, les images des derniers conflits se superposant, se renvoyant les unes aux autres, s’amalgamant aux images des conflits antérieurs). Or ce site est d’exception pour plusieurs raisons.
« LE SITE DE L’ANCIENNE GARE DE DÉPORTATION DE BOBIGNY »
La première est qu’il est traversé par des voies de chemin de fer (nous ne lâchons pas cette ligne là, sa lecture symbolique nous conduit toujours23 vers l’infini d’un ailleurs : à la différence de l’écriture, nous ne pourrons pas aller « à la ligne », nous ne pourrons passer une « ligne blanche »).
Ces lignes qui, circulant sous le pont, emportent les wagons chargés , par le ferrailleur, dans une vision apocalyptique de charroiement de décombres, se détournent pour pénétrer l’autre partie du territoire et se dédoublent de part et d’autre d’une grande halle pour, d’un côté, s’enfuir vers un horizon, et de l’autre, venir à nos pieds, c’est-à-dire en travers de la porte géante par laquelle entrent et sortent les camions – porte située exactement en face du lycée Costes -. Sur cette voie précisément une très longue, très large plate-forme, sorte de plan intact, montée sur essieu permettra, abouchée à une motrice, de faire parcourir à des publics, assis sur cette estrade mobile, en un long travelling, ces réalités complexes (car derrière les tas empilés, comme préfigurant d’autres reconstructions armées de béton, se lisent des immeubles, des tours, la ville alentour, au loin). L’entrée dans ce site aura bien sur été ritualisé, comme dans les projets précédents par un travail effectué en amont, lent et long, autour du « pass » (le travail de relevé d’images actuelles ayant été géré par les élèves, leurs enseignants et nous-mêmes) : il n’est toujours question dans toute cette réflexion que de multiplier les points de vue et de rendre compte des subjectivités qui, seules peuvent nous permettre de construire une neuve histoire collective. Et cette mobilité du spectateur qui verra défiler sous ses yeux à la fois des perspectives changeantes, inimaginables sur un terrain, un champ répertorié comme dégradé, rebutant, assistera à une succession de révélations.24
Les comédiens de la Pierre Noire encadreront, indiqueront, restitueront à la fois des données techniques, et des descriptions logistiques de destruction : hors toute fiction, comme si des textes, listes, répertoires écrits par les nazis eux-mêmes dans ce « théâtre des opérations » avaient été retrouvés, exhumés, consignes de gestion, de fonctionnement à haut rendement d’efficacité… les matériaux, acier, aluminium, cuivre etc… convulsés, déchiquetés, broyés, tordus en diront plus, autrement. Le second élément est la gare elle-même : pour l’instant murée, impénétrable, yeux bouchés. Seule une plaque indique ce qui s’y est passé. Or il nous semble indispensable d’accompagner la transfiguration des lieux, par des visites, régulières (sur chariot géant mobile toujours) menées pour les habitants de la Seine St Denis, de ce chantier de mémoire, et d’enregistrer de nos yeux, à travers nos corps déplacés, la manière dont le bâtiment va laisser les flux d’air et de lumière à nouveau le traverser.
TRANSMISSION :
A ce moment là de l’histoire du projet, des relais auront été passés et ce sont, nous l’espérons, des jeunes ados, toujours encadrés par notre équipe, structurante, qui assumeront des parties de ces visites guidées particulières, nourrissant de leurs écrits (puisqu’ils auront eux aussi travaillé sur les valeurs de la résistance), et de leur présence physique, la prise de conscience que nous pensons devoir avoir des épaisseurs historiques et symboliques de ce lieu… pour que les violences (masculines ?) faites aux hommes, aux femmes, aux matières, à la terre,25 dites dans ces parcours se transcendent dans un acte artistique, accompagnant une transfiguration radicale.
Haut lieu cathartique d’une conscience contemporaine en faillite de ces valeurs qui nous font tenir debout ensemble. Ici : pourquoi la guerre, ce désir de ravage, continue-t-il d’exister intact dans le sang des hommes ? les énergies folles furieuses ne pourraient elles pas devenir… ?
DE LA TRANSMISSION A LA RETRANSMISSION OU COMMENT REPENSER
LE RAPPORT A L’IMAGE (toute la population de la Seine Saint Denis ne pouvant vivre ces visites en direct)
Une caméra articulée (type Polecam) pivotant dans tous les sens, portée depuis la taille, comme un long bras de grue par un cameraman, téléguidée, nous permettrait d’avoir une approche endoscopique des espaces (halle, intérieur de la gare), comme si ceux-ci poches de mémoire tellement douloureux, devaient être auscultées, délicatement, du dedans, par une intrusion minimaliste. L’œil de la caméra nous retransmettrait cette intériorité abîmée, abyssale. Il faudrait scénographier au plus près possible du lieu actuel et faire apparaître peut-être ces marques inscriptions en creux, écorchage du plâtre, desquamation, traiter visuellement l’intérieur comme de la peau, de l’écorché… avant que n’apparaissent des organisations rationnelles, propres, servant à d’éventuelles expositions. Cette mémoire là est quasi impénétrable,26 incompréhensible dans son horreur, nous n’en pouvons percevoir que des traces éteintes : où que se tourne le regard, il nous faudra une approche ultra sensible, précautionneuse, quasi chirurgicale, d’un œil qui retiendra jusqu’au dernier moment la main opérante.
Ce serait là occasion belle de travailler avec la « filière » image… autre fil de notre histoire. Savoir d’où vient le lieu pour ces générations qui tournent autour sans pouvoir le pénétrer, profiter de la proximité pour qu’un vrai travail d’appropriation d’un nouvel édifice puisse se faire, puisque inscrite dans ce territoire là : cette violence inhumaine, intoxicante doit pouvoir être sublimée par des enchaînements d’actes artistiques collectivement posés.
La retransmission de ces images se ferait dans des lieux communs… cinémas municipaux, par exemple.27
Quant à la cité de la Muette à Drancy, dernier site, indissociable d’une réflexion autour de cet axe particulier (la Résistance) en Seine Saint Denis : et puisque ce serait dans l’éventualité de l’acceptation, de L’ADMISSION de la démarche, le dernier touché, elle bénéficierait des expériences nourries les unes les autres, des actes, colis, actions, images filmées.
DRANCY « LA CITE DE LA MUETTE »
Ce site, dont les façades sont classées patrimoine historique est exactement à l’opposé du Fort de Romainville, et pour cette raison devrait clore notre parcours (du dedans au dehors).
Le Fort est interdit, vide, inconnu, impénétrable.
La Cité est connue, (le musée réduit, le wagon, le mémorial de granit sont signes extérieurs), habitée par des êtres de chair et de sang.
Le Fort est une architecture militaire (1845) dont la fonction était clairement identifiée, défensive, située à un endroit stratégique pour une visibilité lointaine de tout attaquant potentiel.
La Cité a été une des premières, « d’Avant-garde », béton et nouvelle distribution des espaces intérieurs pour une « vie meilleure », où le confort et l’organisation interne étaient des facteurs réels de progrès.
Le Fort, a été tel quel, utilisé par les militaires allemands pour enfermer les résistants, otages, rendant quasi impossible toute velléité de fuite (entre les remparts monstrueux, la fermeture des casemates ; vus de toute part, depuis les hauteurs par les allemands…) hormis l’évasion héroïque du colonel Fabien.28
La Cité est à ras de ville, ré-aménagée dans la dureté de son béton, organisée en d’autres cellules, en camp de rassemblement, avant la
déportation.
Ici : il nous semble que la mise en abyme (sur laquelle nous avons réfléchi, un peu, déjà) prend tout son sens.
Cette Cité, traversée par quatre étapes de séquestration ( la première en 40, des soldats fait prisonniers, gardés par d’autres soldats ; la deuxième, des prisonniers, des résistants, des opposants tous ceux qui faisaient obstacle à la mise en place du régime nazi ; la troisième, des juifs, la rafle du Vel d’Hiv ; la quatrième, des collaborateurs… avant procès).
Cette Cité de la Muette, actuellement habitée, devrait pouvoir retrouver la parole, et dans un effort surhumain accoucher d’elle-même : toutes les fenêtres alors s’ouvriraient…
…pour remonter à l’origine de la construction : installer, dans l’exacte relation de la mise en abyme (boîte contenue dans boîte) les trois ailes du bâtiment-décor, à partir du jeu en bois et acier, pour enfant au centre du29 square; sous la forme d’une reproduction, maquette géante des bâtiments réels. Le positionnement d’éventuels gradins en pente épouserait les trois côtés du grand ensemble et dans le prolongement de la perspective, des spectateurs, aux fenêtres des immeubles, agrandiraient le sens de la mise en abyme. Des spectateurs depuis les appartements, réels, regarderaient des spectateurs sur les gradins qui regarderaient des « spectateurs miniaturisés » dans les décors-bâtiments installés en guise de dispositif scénique. La manifestation pourrait être vue, comme un immense jeu de déconstruction. Toutes les étapes en seraient décortiquées. Les états des lieux fidèlement traduits, pour aboutir au projet architectural premier…
…afin de faire comprendre comment des intentions d’architectes ayant été perverties, peuvent être réinterrogées, modifiées, réinventées.
Ce sont des comédiens de la Pierre Noire qui prendraient en main ces lignes de fuite jusqu’à la naissance de l’histoire d’une architecture, remontant dans le temps, par cloisons défaites, démontées, décarcassées, par explications. Sous nos yeux : inversion des processus, pour en comprendre l’origine (un important travail de documentation, pour précision maximale serait nécessaire). Il faudrait aussi savoir, aprèslégères interrogations, jusqu’où pourraient s’impliquer les habitants de la
Cité. Il y aurait autant de représentations que nécessaires ; et là, la maquette qui sert au scénographe se révèle plus qu’efficace pour l’ensemble des habitants des communes de la Seine Saint Denis qui comprendraient alors de quoi ces lieux ont été faits, dans cette « dé- constitution historique ». Içi aussi, la commune bénéficierait des expériences accumulées, thésaurisées autour des « pass », colis, délivrances, projection d’images, messages…30
EN GUISE DE CONCLUSION
PER–MISSION…
…PER–MISSION D’AGIR ? dans des lieux in.accoutumés à de telles propositions, avec agrément, accord des principaux acteurs… les Communes, le Département, la Région, l’Etat… tout interlocuteur à rencontrer, à convaincre au fur et à mesure, de la singularité de la démarche, de son sens profond.
PER–MISSION, devant être accordée cette fois, à travers des financements, sans lesquels la légitimité n’existerait pas… faisant courir des risques à nos partenaires associatifs, culturels, éducatifs.
PER–MISSION… en guise d’adéquation des populations de la Seine St Denis pour lesquelles nous pensons devoir donner notre temps, notre énergie, nos imaginations. Responsable de toute peau, membrane vivante sur laquelle nos pas résonnent, et qui se nomme la tendre surface de la terre… chaque déchirure dans ce tissu, cicatrice impossible à cautériser, nous lancine comme si nous y avions nous-mêmes vécu.
Or, si une raison d’être d’un groupe de recherche artistique comme le notre peut-être énoncée, c’est bien celle d’être « emprise » avec les battements de cœur d’un monde tout entier enfermé dans nos propres cœurs.
PARIS-TROYES-, LE 17 AVRIL 2003 THEATRE DE LA PIERRE NOIRE31
PERSONNES RENCONTREES
( DE FEVRIER A NOVEMBRE 2003)
FONDATION DE LA RESISTANCE
Mme Laurence Thibaut, directrice de l’Association pour l’Etude de la Résistance Intérieure et son équipe
M. Claude Ducreux, secrétaire-générale, Comité d’Action Résistante
M. François Archambault, Secrétaire-général de la Fondation de la Résistance
FONDATION DE LA DEPORTATION
M. Yves Lescure, directeur de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation
M. Dany Tetot, président de l’Association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et son équipe
RESISTANTS , INTERNES ET DEPORTES
Mme Madeleine Odru, ancienne résistante déportée
Mme Jacqueline Tamanini, ancienne résistante déportée
Mme Simone Ducreux, ancienne résistante
Mme Claude Décrues, ancien résistant
M. Gilbert Couillard, ancien résistant
M. Pierre Brision, ancien résistant-déporté
M. Paul Chytelman, ancien résistant-déporté
M. Bernard Madurel, ancien résistant
M. Léon Klein, résistant
M. Albert Giry, résistant
M. Claude Deschamp; résistant
M. Henri Planson, ancien résistant
M. François Impérial, ancien résistant +
M. Rolland Nigond, ancien résistant
M. le Colonel Georges Guingouin, ancien résistant, Compagnon de la Libération
M. Lucien Chapelain, ancien interné-déporté (téléphone)33
M. Georges Valbon, ancien résistant (ancien président du Conseil Général St Denis – ancien maire de Bobigny)
M. Albert Giry, ancien résistant
M. Léon Klein, ancien résistant-déporté
Mme Louisette Tosi, Fille de Gilbert Varagnat (ancien maire de Bondy) ancien résistant déporté
M. le colonel Louis Blesy-GrandvIlle, Brigades Internationales (Espagne) ancien résistant, Compagnon de la Libération
Mme Françoise Blesy, ancienne résistante
Mme Simone Gillot, ancienne résistante, veuve de Auguste Gillot
membre du Conseil National de la Résistance
M. Louis Cortot, ancien résistant Compagnon de la libération
M. André Carrel, ancien résistant, président du musée de Champigny
M. Robert Chambeiron, ancien secrétaire général adjoint du Conseil National de la Résistance
Mme Hélène Viannet, ancienne résistante, Cahiers de Défense de la France, épouse de Philippe Viannet
M. Jean Pierre Vernant, colonel de la résistance, Compagnon de la Libération
MINISTERE DE LA CULTURE
Drac Ile de France
M. Pierre Oudart, Responsable Innovation et Action Territoriale
M. J.M. Dos-Santos, Conseiller à l’Innovation et Action Territoriale
MINISTERE DE LA JEUNESSE ET SPORTS
M. Bernard Echalier, Inspecteur jeunesse et sports de Bobigny34
COMMUNES
ROMAINVILLE
M. Claude Aboulkeir, maire adjoint Vie Associative
M. Stéphane Weiselberg, maire adjoint à la Culture
M. Vincent Espagne, directeur des Affaires Culturelles
Mme Anita Diméo, archiviste
Mme Sauvage, Principale-adjointe du collège Houel
M. Patrice Rault, directeur du conservatoire
Mme Chevallier, Principale du collège Houel
Mme Rafaelle Pignon, professeur de français collège Houel
M. Christophe Gilbert, professeur d’EPS collège Houel
Mme Viviane Poli, professeur de français collège Houel
Mme Elisabeth Bertrand, professeur d’histoire-géo collège Houel
M. Danilo Gony, professeur de musqiue collège Houel
Mme Françoise Cespedes, professeur de français collège Houel
M. Jérôme Amiard, directeur service éducation
M. Serge Rycine, chargé de mission culture
M. Thierry Lousteau, responsable service sport
LES LILAS
M. Christian Lagrange, maire adjoint Développement Economique
Mme Cora Houy, maire adjointe Education
Mme Isabelle Ollivier-Barbel, maire adjointe Culture
M. Hugues Genevois, conseiller municipal commission culturelle
Mme Bosmorin, principale du collège Marie Curie
Mme Isabelle Altounian, Directrice des affaires culturelles (Les Lilas)
M. Boutout, Secrétaire-général Mairie des Lilas
M. Daniel Guiraud, Maire des Lilas
Mme Valérie Bastin, professeur de français collège Marie Curie
Mme Colette Finfschilling, professeur de français collège Marie Curie
M. Yvon, principal adjoint du collège Marie Curie
Mme Josiane Santiana, professeur de lettres lycée Paul Robert
Mme Gallot, proviseur adjointe Lycée Paul Robert35
Mme Danièle Sourouille, professeur d’histoire-géo lycée Paul Robert
Mme Letitia Guichard, professeur d’ EPS collège Marie Curie
LE PRE ST GERVAIS
Mme Martine Legrand, maire adjoint – Conseillère Générale
M. Claude Bartolone, Député de la circonscription, maire adjoint du Pré St Gervais
M. Bertrand Grandvoinet, adjoint aux affaires culturelles
Mme Dorbais, Principale du collège J.J. Rousseau
Mme Misselin, Directrice des affaires culturelles Pré St Gervais
Mme Catherine Sire, Conseillère municipale
M. François Puiseux, professeur de français collège JJ Rousseau
Mme Patricia Gerardi, professeur d’histoire-géo collège JJ Rousseau
Mme Cécile , professeur d’ EPS
M. Mathieu Faugeroux, professeur d’ EPS
Mme Joelle Chemla, professeur de Techno
Mme Cloe Delaporte, professeur de Lettres
Mme Iréne Kotcheff, professeur de Lettres
Mme Fatima Fouzard, professeur d’Espagnol
Mme Marie Steen, professeur art dramatique
Mme Sylvie Levesque, chargée des relations entre la bibliothèque et le collège
NOISY LE SEC
M. Karim Hamrani, maire délégué à l’écologie, (rencontré à la réunion
d’avril au collège René Cassin)
Sébastien Moulinat, directeur de cabinet du maire
Mme Jacqueline Moreno, principale du collège René Cassin)
M. Patrick Moreno, chargé de communication à la SNCF
M. François Vigneron, proviseur de la cité scolaire « Olympe de Gouge
Mme Nicole Rivoire, Maire de Noisy le Sec
Mme Blandelet Gaye, professeur de Lettres
M. Tanati , professeur de Lettres36
M. Fraissenet, professeur d’ EPS
M. Geneix, professeur d’ EPS
M. Bresson, professeur d’ EPS
M. Degreze, professeur de Sciences Physiques
M. Van Laere, professeur de Sciences Physiques
Mme Djema, professeur d’ Anglais
M. Grandsire, professeur d’ Histoire géographie
Mme Leraux, professeur d’ Histoire géographie
M. Havel, professeur d’ Arts plastiques
Mme Sanan, professeur d’Education musicale
Mme Méaude, professeur d’ Espagnole
M. Poitier, professeur de Technologie
BOBIGNY
Mme Françoise Jouquant, directrice des affaires culturelles
Mme Catherine Rocard, spectacles vivants affaires culturelles
M. Claude Oppetit, Directeur des Archives du Département et son équipe
M. Bernard Birsinger, Député-Maire de Bobigny
M. Raymond Chapin, maire-adjoint chargé de la culture
M. Jean Claude Fourcaut, directeur-général adjoint des affaires culturelles
Mme Sylvie Zeidmann, historienne et conservateur aux Archives du Département
M. Yann Bouvier, Chargé de mission fonds structurels européens
DRANCY
Mme Marie Chapet, directrice adjointe Citoyenneté-Jeunesse
M. Joel Gouhier, directeur adjoint Citoyenneté-Jeunesse
Mme Rachida Auvré, chargée de projet Citoyenneté-Jeunesse
M. Alain Kremenetzky, directeur du Conservatoire de Drancy
Mme Jacqueline Tordjmann, administratrice du conservatoire de drancy
M. Anthony Mangin, Maire-adjoint a la culture de Drancy
M. Michel Martinot, maire-adjoint chargé de la politique de la ville37
AUBERVILLIERS
Rachid Khimun, Sculpteur
M. Lucien Marest, maire adjoint à la Culture (contact téléphonique)
PREFECTURE DE SEINE ST DENIS
ARMEE
M. le colonel, Pol Guinart, délégué militaire auprès de M. le Préfet de Seine St Denis
M. Alain Avarguez, chef de section service des moyens
CONSEIL GENERAL SEINE ST DENIS
M. Robert Clément, Président du Conseil Général de St Denis
Mme Sylvine Thomassin, Maire adjointe de Bondy, Conseillère Générale
M. Gilles Garnier, Conseiller municipal de Noisy le Sec, Conseiller Général
M. Marc Lacreuse, Conseiller de M. le président du Conseil Général
M. Claude Coulbaut, Directeur adjoint des Affaires Culturelles
M. Olivier Meyer, Décentralisation Culturelle, contrat état-département
M. Jean Barthélemy Debost, Chargé de patrimoine et culture
Mme Claudine Valentini, Directrice des affaires culturelles du Conseil Général de St Denis
Mme Marie Christine Labat, Vice présidente du Conseil Général, Présidente de la commission Culture
Mme Sylvie Wallerand, Chef de service de la culture
M. François Boisdron, responsable Spectacles Vivants
M. Jérôme Cacciguerra, responsable jeunesse38
CONSEIL REGIONAL D’ ILE DE FRANCE
Mme Henriette Zoughebi, Conseillère Régionale
Mme Marie Pierre de la Gonthrie, Vice présidente la région IDF
M. Antoine Cassan, responsable de la culture IDF
EDUCATION NATIONALE
Mme Colette Broutin, Chargée du patrimoine Art et Culture à l’Inspection Académique de Seine St Denis
M. Alain Richard, responsable Art et Culture au Rectorat de Créteil)
M. Jean Claude Lallias, Conseiller Théâtre, Mission Art et Culture au CNDP
Mme Anne Moreau, Chargée Art et Culture au Rectorat de Créteil
M. Christian Lysimaque, responsable administratif action culturelle Paris XIII
M. Alain Marillat, responsable artistique de l’action artistique Paris XIII
ASSOCIATIONS ET STRUCTURES CULTURELLES
M. Alain Kremenetzky, directeur « Europe de la Mémoire »
M. Jacques Descreaux, Président de « Poècité » (Les Lilas)
Mme Catherine Dufeu, professeur de danse conservatoire Les Lilas
M. Sébastien Hennequin, animateur du club théâtre collège Courbet à Romainville
M. Xavier Aumage, archiviste au Musée national de la résistance de Champigny
Mme Céline Heytens, archiviste au Musée national de la résistance de Champigny39
SECRETARIAT D’ ETAT DES ANCIENS COMBATTANTS
M. Gilbert Borjon, responsable de la Direction Mémoire Patrimoine et Archives au secrétariat d’Etat
M. Laurichesse, directeur de l’ONAC de Seine St Denis
M. Serge Barcellini, Directeur général de l’ONAC
DELEGATION POLITIQUE DE LA VILLE
M. Moutoussamy, Responsable du pole du Raincy
M. Paul Benayoun, Cabinet du Ministre Borloo chargé de mission à la politique de la ville
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