Pierre Noire
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Lignes de Vie

UN CAPTIF
Les longues aiguilles de la pluie
ne transpercent pas mon corps,
les tourments de la prison et de l'exil
ne traversent pas mon cœur,
je suis un homme imperméable,
sauf aux ondes qu'elle m'envoie,
d'un tendre sourire lointain,
parmi le frémissement blanc et rose
d'un verger de France.
(Pierre Midoux 1943)

ÉQUIPAGE
Je sais bien que la vie est la pire aventure ;
Long chemin dans l'horreur des marais pleins
de sang
Et l'atroce mêlée des cadavres hurlant
Je sais bien que la vie … Si j'en crois les
Augures !…
Mais tu marches vers moi, plus forte que l'enfer.
Ton seul sourire vaut tous les soleils du monde.
II suffit que tes yeux à mon appel répondent
Pour que je passe une fleur dans chaque souffle d'air.
Si calme je te vois, si simple, si fervente,
Tant de sécurité coule sur ton beau front
Et tant de qualités familières te font
Reine de mon royaume, O ma Déesse absente
Que l'orage farouche élancé de mon cœur
Portera nos Destins au delà des nuages,
Haut et loin dans le ciel où baigne ton image
Jusqu'au monde inhumain qu'on appelle Bonheur.
Qu'importe, mon Amour, tempêtes et carnages
Pour l'infini des temps, nous formons
André Masson)

LA LETTRE
Dis lui que le soleil est triste
Et la terre bien lasse
Que le matin d'été
Frisonne dans les pleurs
Et qu'un oiseau blessé
Qui saigne à tire d'aile
Monte aux nues
Arrachées
Du couteau de mes larmes
Une perle de peine
Sourit dans la main accablée
Et traîne dans mon encre
Les mots d'amour et d'allégresse
Que ton cœur embaumé
Reçoit dans l'égoïsme
Tissé de mes baisers
Et de tout mon amour
4 septembre 1942 (Gaston Criel)

À LA PLACE
À la place des Carmes
Dans un petit bistrot
Coulent coulent des larmes
De pluie aux carreaux
De pluie aux carreaux
Le vent souffle l'alarme
Aux panneaux chassieux
Coulent coulent des larmes
De l'averse des cieux
Sur la place, des charmes
Tremblent au vent, anxieux
Coulent coulent des larmes
Silencieuses des yeux
…À la place des Carmes
Aux vitres du bistrot
Coulent coulent des larmes
Et la pluie à flot
(Henri Edelsbourg)

JOURNAL RÉALISÉ PAR DES COLLÉGIENS ET DES LYCÉENS DE PREMIÈRE ET DE TROISIÈME DES COLLÈGES RENÉ CASSIN DE NOISY LE SEC, ABBÉ HOÜEL DE ROMAINVILLE, MARIE CURIE ET PAUL ROBERT DES LILAS, JEAN JACQUES ROUSSEAU DU PRÉ ST GERVAIS…

Le cheminement de cette flamme est celui de la résistance. Emprisonnée à la base est libérée au bout des flammes . C'est la Flamme de la liberté. Le symbole de la résistance.


JEAN MOULIN
Me voici devant mes bourreaux,
Devant des brutes sans visage,
Devant des hommes sans cœur
Devant des allemands cherchant le mal physique des autres.
Ils m'ordonnent de m'asseoir…
Je ne veux pas… j'ai peur… ils me battent et me forcent à le faire… cela ne fait que commencer…
AHHH !! J'ai mal… je souffre… ma main… SILENCE… le SILENCE…
Nous avons tous construit un « édifice » qui ne s'écroulera pas grâce au SILENCE…
AHH !!
Soleil… Soleil… le Soleil l'emportera sur la Nuit,
Comme le blanc sur le noir,
Le printemps sur l'hiver,
Les fleurs sur les ronces,
La Paix sur la Guerre…
J'ai mal… AAHHH !!!
Victoire… la Victoire des
Alliés… la Victoire des Alliés…
la Victoire des Alliés sur l'axe…
J'ai mal… j'ai mal… AHHH !
Je ne dirais rien, qu'est-ce qu'ils croient ?
Je suis fort, je suis le fils d'Antonin Moulin…
Je suis un Résistant… Ils me demandent d'écrire des noms sur ce papier, la caricature de mon tortionnaire fera l'affaire… J'ai mal… J'ai mal…
Je me tais

Réponse envisagée pour Henri Gautherot de la part de son frère Bébert

Je n'ai pas compris toute ta lettre. Je t'envoie celle-ci pour que tu m'expliques certaines choses que je voulais te dire. Qu'est-ce qu'un grand français ? Ça veut dire que je devrais être un français et être aussi grand que toi avec de longues jambes ? Pourquoi me dis-tu ça dans une lettre, alors que tu vas être fusillé ? Je ne comprends pas. D'ailleurs qu'est-ce que ça veut dire « être fusillé » ? J'ai demandé à papa et à maman et ils m'ont répondu que c'était quand une balle rentre dans ton corps et qu'après tu meurs. Mais comment un ballon avec lequel on joue peut pénétrer dans ton corps alors que c'est tout mou ? Je ne comprends pas. Je me souviens, quand j'étais petit tu me racontais des histoires de vampires, de fantômes, de loups garous, du diable et de divers monstres ; ensuite je me réveillais avec d'horribles cauchemars ! Je me souviens aussi, quand on faisait des courses. Tu gagnais tout le temps et tu ne me laissais jamais te dépasser !! Et quand on allait se baigner dans l'étang, tu disparaissais et moi je croyais que tu t'étais noyé. Quel idiot !! Mais dans tous les cas, je ne veux pas tu ailles rejoindre Papi et Mamie et bien d'autres dans le pays fait de nuages de Dieu. Ne t'inquiète pas. Je ne trahirai jamais ta confiance. Tu m'as demandé de soutenir maman qui est très très triste. Je le ferai. Je le ferai, Grand frère. Je le ferai Mon Grand Frère.
Bébert
P.S. Ne pars pas !! Je suis triste moi aussi et papa aussi. Je t'embrasse de tout mon coeur de petit frère.

Journal : Le franc - tireur

ÉTOILE DU NORD
Défense de stationner
Défense de regarder en arrière
Le paysage en déroute
fait des signes
que je suis le seul à comprendre
Ne pas se pencher au dehors
Le train lancé
fonce dans le temps
de plus en plus vite
Tous les signaux sont ouverts
Le futur se soude au passé
sans laisser la moindre fissure
et dans les gares que nous brûlons
peut être une heure un peu plus longue
autrefois m'aurait elle attendu par erreur
Bifur
Je ne sais pas à quel moment
j'ai quitté la voie
de ma jeunesse
Je continue par habitude
à savoir souffrir mal à propos
Mais un jour j'ai cessé de croire
aux villes où mènent les rails
et maintenant
je m'enfonce à reculons
dans l'avenir sans rien attendre
accompagné d'une simple mallette
en faux cuir
bourrée d'objets de première nécessité
Nous sommes tous du même voyage
et la mort est la dernière
des destinations inconnues
Défense de descendre
avant l'arrêt complet du train
(Marcel Labbé)

L'HOMME
Avec ses pantalons et ses cheminées
l'homme
Avec sa tête taillée dans la faim l'homme
Avec le feu le fer et le charbon dans les
yeux l'homme
Avec ses mains noires et ses semelles
trouées l'homme
Avec sa femme et ses enfants entre les
pieds l'homme
L'homme sort de son rêve l'homme sort
Comme sortent de la mer en s'arrachant
les veines
- L'homme sort de son rêve, l'homme
sort de sa vie
En ne croyant même plus à sa vie
- Sa vie qu'il lui faudra bien refaire
Et la Terre qu'il lui faudra bien refaire
Pour sortir de sa misère
Alors je dirai -
L'homme aux grands yeux de vérité
(S. Georg d'Eguels)

DEUX FORMES
Deux formes ce matin
Ont glissé lentement dans la brume,
Grises formes sans fin
Descendant vers la maison qui fume.
Deux formes dans le froid
S'en allaient en souffrance.
C'était mon ombre et moi
Traversant le silence.
27 Septembre 1941 (Yves Brainville)

POÈME À JEAN MOULIN
Allez y, torturez le !
Vous n'en tirerez rien,
Il ne parlera pas.
II choisit de résister,
Pour son pays, pour une cause.
« Résister » ce n'est pas seulement dire « Non »,
C'est aussi se taire sous la souffrance.
Et c'est ce qu'il a fait bravement.
Les traîtres sont lâches et perdants malgré tout :
Sans des personnes comme lui,
Qui sait comment le monde serait aujourd'hui.
Je pense que l'on peut dire « Merci »,
À tous ceux qui comme lui,
Ont dit « Non » aux idées nazies
Encore une fois « Merci »

MESSAGES PERSONNELS (en gras la traduction)

Les feuilles du printemps tombent :Le monde s'écroule
Le gigot nous a brûlé : Le professeur nous a surpris
L'étoile filante est dans le filet : Le message a été intercepté
Les abeilles émigrent vers une autre ruche : Nous voulons sortir du collège
Marius va voir sa femme : Ce soir réunion de résistants
L'épée de Damoclès est présente : Risque de sanction
Le singe n'a pas atteint l'autre branche : On est en retard
Le soleil est alcoolique : La guerre va être totale
La mère Michel a perdu son chat : Un grand résistant est mort
Le chien est dans la niche : Les parents sont rentrés
La cage est pleine : Tout le monde est dans la classe
Les moutons sautent les haies : Les élèves s'ennuient
Jean est daltonien : Il faut se battre contre le racisme
On n'aime pas la confiture à la fraise : Il faut se battre contre la violence
Le glaçon est dans le pastis : II faut se battre contre l'ennemi et sur notre terre
Les colombes ne broient plus de noir : Après la guerre, la paix

GRAPHES ET DESSINS PARMI BEAUCOUP D'AUTRES, RÉALISÉS PAR LES ÉLÈVES DE 3 ème

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