« Ce n’est pas de certitudes dont nous avons besoin, mais de traces… ce sont les traces qui font rêver » René Char

Or, concernant le « fait culturel », l’acte culturel, le lieu culturel, il n’existe aucun objet, instrument de mesure, qui pourrait servir à évaluer de manière certaine, scientifique, comptable, ce qui pourrait être une plus-value culturelle, apportée par des actions de développement culturel, créations, dont le but tendrait, pour aller un peu vite, à l’agrandissement intérieur de l’être, (opéré par des apports lents, continus, nourriciers, sans enjeu de rentabilité, donc forcément mis à disposition par les services de l’État…).

Donc, nous nous emploierons, dans cet objet écrit - lui-même sédiment, à relever les traces, preuves, empreintes, signes, marques, qui déposés depuis août dernier ; (sans manquer d’évoquer l’évolution des rapports sur lesquels ces traces se sont imprimées, inscrites… leur évolution au fur et à mesure que les difficultés étaient rencontrées, déviées, dépassées), mettant en évidence les formidables capacités d’invention de l’être humain, pris individuellement, et collectivement.

Et donc, ce dossier en forme de « relevés » … énumérera :

- Les premières traces, qui furent les cartes réalisées par les bibliothécaires de la Médiathèque (au mois de mars, avril et mai 2002) et ceux qui ne les avaient pas réalisées, le firent en septembre, octobre, s’y mêlèrent, les bénévoles. (St-Parres aux Tertres …). Portées en badge pendant les journées de juin « portes ouvertes », elles restent, posées dans les bureaux, marquant là un espace « privé », un territoire personnel, une identité ; foyer intime, d’une rassurance, signe l’implication à l’œuvre imaginée (certains bibliothécaires, dans les ateliers briques reprendront leur première carte individuelle).

- Les traces laissées par les tampons, inventés par les bibliothécaires… jusque dans les dernières séances des « Cités Délivrées », affleurèrent ces « logos-là » : signes des d’activités proposées par la Médiathèque…

Les cartes « le soleil luit pour tous » dispersées dans la l’agglomération à partir du mois de juin (15 000 au total), refaisaient leur apparition…

Non seulement elles n’avaient pas été perdues, mais elles retrouvaient leur fonction première, qui était d’aider à rentrer dans la Médiathèque pour assister aux visites guidées. (mais, ne fût pas retrouvé le tampon réalisé dans un des ateliers, menés aux Chartreux, auprès d’un groupe de femmes maghrébines en chemin vers l’alphabétisation ; ce tampon, une main de fatma dans les lignes de laquelle se mêlaient arabesques, feuillage fragile, s’emmêlant jusqu’à recouvrir les pans de bois de l’architecture troyenne : fut-il perdu ? subtilisé ? absent , il attirait notre attention sur l’écart entre le discours et les stratégies. Ce corps social sur lequel nous avions promis de travailler contenait, renfermait, mille graphismes sur toute sa surface. Il faudrait être vigilant à ce que toutes soient visibles, lisibles.

Ces signes inscrits sur les faces vierges des cartes à jouer, à la mesure de la main, nombreuses, innombrables ! mais d’où viennent-ils donc ?… d’espaces connus…repères dans la ville .

Devant l’absence totale de communication sur les ateliers de production, de fabrication, à mettre en place pour des « cartiers », devenus libres, ralentis par les faiblesses structurelles de la Médiathèque, (entre autres : l’absence prolongée, déstabilisante d’un conservateur lecture publique, qui depuis donna sa démission ; la fragilité culturelle des médiateurs habitués à travailler dans des niches de publics spécifiques, non familiarisés avec la maïeutique d’ateliers de création ; les RTT, formation, occupation des temps de travail tels qu’aucune disponibilité n’était possible pour ce projet, la non-reconnaissance des médiateurs par les institutions, structures rencontrées ; le décalage entre leur pratique, et les complexités liées au territoire…etc.).

Et pour prouver que ces inscriptions étaient « jouables », nous mîmes sur pied plusieurs approches aussi variées que celles-ci :

- Des réunions d’information (mais sans le personnel de la MAT malheureusement : le relais naturel « à visage humain » entre les publics et la médiathèque se faisait non plus par l’intermédiaire d’un personnel légitimé à, mais par l’intermédiaire de la « pierre noire » qui devait sans arrêt réajuster le propos…oui, ces cartes servaient principalement à découvrir la nouvelle Médiathèque, vécue comme : inconnue, « glaciale », « sans âme », temple transparent d’une culture « abstraite » .
- Des rencontres individuelles de chaque chef de projet dans toutes les communes de l’agglomération ou de leur représentant (afin de leur expliquer le projet) ; et qui seront suivis de réunions contrat de ville mises sur pied, cette fois-ci, par les chefs de projet où toutes les associations les plus dynamique étaient présentes. Des réunions à l’Inspection Académique (avec les conseillers artistiques qui devenaient eux-mêmes les relais auprès des enseignants), et aussi des rencontres organisées par nos soins avec de nombreux groupes d’enseignants.
- Des échanges avec les beaux-arts (en organisant une réunion avec le Directeur et les enseignants, donnant lieu à la mise en place de fabrication de grandes cartes de 60 x 40 cm, pour les cours adultes, et petites cartes pour les cours des enfants).
- Des responsables d’association (ex : Ikebana, le club photo, le club philatélique, A.p.r.s.…etc…)
- Des centres de formation (ex : l’Adapt… etc.)
- Des classes de collèges et lycées…
- Des ateliers de créations menés par nous.

Il s’agit bien, de ce réseau, maillage subtil, de la constitution tissés de connexions, séductions, propositions, apprivoisements et non d’un matraquage publicitaire où, en rang par deux, défileraient des lecteurs tirés de force, et non attractés.

Deux exemples parmi cent autres: premièrement, lors de la réunion dans la commune de St André, avec le chef de projet contrat ville, plusieurs associations étaient présentes dont une « Vivre à Maugout ». Les femmes rencontrées ont réagi…. Et oui, je pourrais venir dans leur lieu, oui, les enfants tous les enfants étaient acceptés pendant les ateliers. À la rentrée, date fut prise. Visite des lieux. Cachée, au fond de cette grande salle, une minuscule pièce remplie de couvertures, chaudes, et … de livres ! récoltés et rangés sur étagère par l’association elle-même « Difficile » pour l’association d’aller à la bibliothèque de St André… cet exemple donné, juste pour expliquer combien sont imbriquées les représentations personnelles des bibliothécaires, leurs pratiques, et les représentations des publics ; combien sont déterminants les facteurs humains dans l’accès ou l’éloignement du lieu, de l’objet dit de culture (ici, le livre et le lieu). Cette imprégnation d’une subjectivité socialisée par des pratiques familiales, des conduites religieuses, est surdéterminante par rapport à des populations dans ce type de cadre professionnel. Il ne faut donc pas ignorer ces données, mais au contraire faire un travail d’ouverture, d’analyse, de réparation, en prenant appui, en suscitant, en mettant en scène c'est-à-dire en aidant à la visualisation du désir, et dénouement des résistances. L’atelier qui suivit avec parents et enfants mêlés fut moment de pur bonheur ! Recopier… (mais l’apprentissage de l’écriture ne commence-t-il pas comme çà ?), des documents, des reproductions de cartes réalisées par d’autres types de public, étaient mis à disposition. Une femme, attirée par le graphisme d’une corne d’abondance la reproduit fidèlement, mais tout travail de création devant servir à faire évoluer la copie, sur ma proposition, du texte s’immisça dans cette corne. Le voici ( mais c’est la formulation, la pensée et le « style » de cette femme) : « tous les peuples devraient vivre en harmonie ». Le terme « couleur » employé pour désigner le trèfle, le cœur, le carreau… fut donc réinterprété dans un acte de réappropriation qui faisait passer d’un enfantin recopiage à une carte devenue lourde de sens et dans cet atelier grouillant, non pas une, mais des cartes… à la « sœur », au « papa », à son « institutrice », au « petit frère malade »… allez compter après cela ! allez mesurer le degré d’enthousiasme !, d’ivresse éprouvée dans cette liberté de créer en train d’être conquise ! et la mère devint « modèle » pour sa fille qui recopia, elle la carte ainsi transformée ! Cette association a été largement représentée au spectacle, nous avons reconnu les données aux comédiennes.

Le Centre municipal d’action social. Le lien se fit par l’intermédiaire de la semaine bleue (des personnes âgées et des enfants sont conviés ensemble à la médiathèque).
Mme Delatour (responsable de cette opération) expérimente elle aussi un atelier improvisé devant la grande salle, fait sa propre carte… comme tout un chacun… me renvoie vers M. Champenois, nouvellement nommé et Gaëlle Grivois… rendez-vous est pris, au club des marronniers… une quarantaine de personnes âgées… qui, après explication du projet, s’engouffre littéralement dans la proposition (une « carte pour ma petite fille », « une pour moi » que je vais garder parce que c’est vraiment moi, « une pour assister au spectacle »…). La carte, donnée, est devenue médiatrice, comme un livre aimé, offert, est un cadeau inestimable. Et dans le même mouvement, rendez-vous est pris avec des crèches (Québec au Chartreux) des cartes géantes couvertes de couleurs (signe premier ! ont été apportées par les parents aux comédiennes lors du spectacle !).

Nous ne nommerons pas ici les partenaires ou associations ou collectifs contactés, rappelés (jamais nous n’excédons trois appels au-delà il faut accomplir un autre type de travail)… les arguments pour ne pas en être sont sensiblement toujours les mêmes « ce n’est pas pour eux », « ils, elles ne vont pas comprendre », « c’est déjà tellement difficile de les faire venir dans notre lieu »… « il ne sert à rien d’insister », « on n’arrivera pas à les motiver », les professionnels eux-mêmes s’éti…..

- Traces dans la ville : l’affiche

Et pendant ce temps les visites guidées, intitulées « Les Cités Délivrées » se mettaient en espace : fut prise la décision d’inscrire dans « la Cité » sous forme d’affiche le parcours proposé.
Le premier costume réalisé, fut celui de la Dame de Cœur – ma carte personnelle, à jouer, sans tête, non personnalisé, chacun peut s’identifier à elle, virtuelle projection ; son costume est constitué de plans, plastique troué, blanc, non inscrit… elle monte l’escalier de la médiathèque, nous fait passer de la réalité à la fiction : le parcours sera effectivement une succession de changements de niveau, ascensionnel ; elle laisse se dérouler, depuis sa main droite un film translucide… sur celui-là, mentalement nous nous inscrirons. Personne, depuis la médiathèque, ne pouvant être les relais de la diffusion de l’affiche, celle-ci est utilisée par les comédiens comme support de médiation orale, pour communiquer de manière explicite dans les lieux où elle est donnée. Le texte de la mélodie démarrant comme suit : « hâtez-vous de me suivre dans mon palais de givre sans porte ni fenêtre… ».

De plus des affiches étaient massivement distribuées par courrier et nos soins à l’ensemble de nos partenaires (associations en tout genre, journalistes de la presse locale et nationale…).
Tandis que dans ce même format d’affiche, donc grand support, se fabrique à l’école des « beaux-arts » de somptueuses cartes à jouer où ingéniosité, rapport aux couleurs, aux figures, en donnent à cœur joie. Grandes cartes qui tournent, exposées dans les bibliothèques de l’agglomération, les artistes plasticiens de la ville de Troyes, en résidence, ayant monnayé trop chèrement « la monstration » de leurs œuvres potentielles ; nous obligeant à abandonner l’idée des cartes sur lino suspendues à des fils au-dessus de certaines rues, dans la ville…
Et après mille est un tour de clés (mais ce sont les déverrouillages qui prennent le plus de temps !), fin octobre, le spectacle démarra tous les samedis après midi.

Très vite, un collectif d’enseignants emballé, déjà rencontré pendant les mois de mai et juin autour des ateliers fresques menés en centre ville, décida de créer une information à la mesure de leur « public » lycéen ; fut réalisé un tract que nous validâmes, et qui, pédagogiquement décliné, expose le projet ; une mise en réseau, informelle, spontanée, relationnelle, affective, s’était constituée… les tracts par milliers furent donc distribués, tout lycéen et enseignant confondus.

Quel plus bel exemple d’une ré-appropriation réussie, y compris dans l’élaboration de l’information ! Entière liberté fut donnée… là aussi, devant la nouvelle implication de ce groupe élargi, alourdi, que nous retrouvions, il fallait déployer d’autres réponses, et rendre visibles les châteaux de cartes, réalisés, cours Juvénal des Ursins au printemps. Interrogé, le président de la commission culturelle M. José Goncalves, émit la proposition suivante : puisque la demande d’ateliers « fresques », (il s’agit de mettre en œuvre le même processus de création que celui employé pour les petites cartes à jouer, mais sur le format d’une brique de maçon, sur enduit frais, la chaux étant peinte) était à ce point intense… proposer aux communes de la C.A.T. de s’approprier, en parachevant les châteaux, les murs déjà constitués, apportant leur pierre à l’édifice… sachant que les difficultés techniques de la mise en place, la médiathèque étant passée de la ville à la C.A.T., les services municipaux ne peuvent réaliser des structures utilisées par l’agglomération.

Proposition fut donc faite aux communes, de la CAT de mettre en place ces ateliers, dans les bibliothèques mêmes, ou dans des lieux « annexés ». Grâce aux bibliothécaires, à un collectif d’enseignants de Chrétien de Troyes, Camille Claudel et St Joseph, ouverts à tous les publics, sur une journée entière, furent inaugurés (St Julien et St André organiseront leur manifestation en février et mars 2003), ces murs étonnants où se mêlaient de manière harmonieuse les représentations les plus élaborées aux plus naïves. Ce sont bien sûr les cinq plus grosses communes, celles où les bibliothèques ont une forte activité et un personnel permanent qui ont accepté (Pont Ste Marie, La Chapelle st Luc, St Julien, St André et Ste Savine).

Les bibliothécaires et élus des communes ayant assisté aux ateliers sur leur site… mais aussi sur des sites voisins… le réseau à visage humain se mettait vraiment en place, se concrétisait.
Ces ateliers qui nécessitaient une préparation « lourde » (aménagement des espaces, fabrication de l’enduit plusieurs jours auparavant, achat et manipulation des briques, installation du matériel, mobilisation des bibliothécaires, motivation des adultes encadreurs, présence partielle de l’atelier fresque) ont été vécus sur le mode majeur. Bien sûr notre totale disponibilité, notre attention maximale et notre patience y sont sans doute pour quelque chose… Mais ce qui s’était vérifié, par la création des petites cartes, se déploya magiquement dans la création des cartes peintes : l’individu, quel que soit son âge, sa condition sociale, mis en condition de… (créer, recevoir, apprendre, lire) accomplit et se faisant, s’accomplit, réalise, et ce faisant se réalise…

De plus, le rapport à l’écrit et à la lecture se manifesta de la plus étrange manière : en même temps que les briques étaient installées sur la table, trouées et humidifiées, recouvertes d’enduit, le dessin de ce qui allait être inscrit dans la matière même, se brouillonnent, jusqu’à trouver la simplicité du trait, c’est-à-dire l’épure, c'est-à-dire encore la marque distinctive de chaque être, celle dans laquelle il se reconnaît totalement, non sa signature, mais son « logo », son identité ramassée, visualisée. Venait ensuite le report de ce tracé sur la chaux vive, encore humide, pâte, molle, comme pâte à papier, et la reproduction par l’intermédiaire d’un film transparent de ce qui devenait alors l’équivalent de la marque de fabrique… le filigrane en quelque sorte.

Une fois cette opération effectuée, les « déposes » de pigments colorés commençait. Or le temps nécessaire pour laisser sécher, les produits étant très dilués, et voir apparaître l’intensité des couleurs, les vibrations ne se faisant entendre qu’au bout d’une vraie durée… et était de même nature que le temps « masque » de la lecture. Toutes ces opérations s’apparentent étrangement à l’acte de lire… L’étonnante relation qui existait intime, entre « le créateur de signes » et sa brique était comme découverte originelle d’une relation secrète, entre sa « propre identité de scribe » et la révélation de cette identité, mise en lumière, opérée par les couleurs (les jaunes, les ocres, les bruns enchantent…) ce qui lui permettait de se lire, de se voir apparaître au miroir de l’écrit. Chaque carte porte en elle la métamorphose intérieure de celui, de celle qui l’a réalisée.

De plus à la différence des cartes à jouer petit format qui circulaient de main en main (dans le secret de la poche, du porte-feuille, marque-page, cadeau léger, privé) les briques réalisées allaient être vues collectivement et données… au collectif. Œuvre individuelle, injectée dans une œuvre au service de : premiers signes de futurs « scribes », futurs lecteurs, au service d’un bien commun, d’un espace commun, une médiathèque, accessible, ouverte à toutes les singularités. Ces murs inaugurés dans chaque bibliothèque de la CAT, sont le signe tangible de la visualisation de ce rêve commun : des châteaux de cartes devenus réels… murs d’écritures, cités de lectures publiques !
Lors des inaugurations auxquelles élus et population, bibliothécaires et parents enfants se mêlèrent, eut lieu une lecture de l’association Page 10 à partir d’un texte de Michel Butor, joint à ce dossier.

Et pendant ce temps (les ateliers briques démarrant très souvent par des esquisses sur les petites cartes) le spectacle de plus en ample profondément dans la population de la CAT. Jusqu’au 21, 28 décembre, dates fatidiques où la médiathèque était totalement déserte en raison des fêtes de fin d’année, nous fîmes le plein des séances, jusqu’à la dernière ! Mixité des publics, cohabitation pacifique entre générations, réconciliation citoyenne entre les cultures… aucun incident d’aucune sorte… Les deux comédiennes, les deux voix, la « classique », la « moderne », d’entrée de jeu précisément, attireront sur elles deux types de génération qui se mêleront au fur et à mesure de la déambulation. Alternant le chant lyrique le plus pur, (mélodie de Poulenc, … c’est la dame de cœur qui depuis la passerelle, nous invite à la suivre) à une création musicale très contemporaine, sur laquelle une internaute, inventant son site devant nos yeux déroule une gestuelle quasi abstraite ; de l’enfance (minuscule double de la dame de cœur, petite Lucie, grave autant qu’intouchable, retenant la traîne déroulée à l’intemporalité du Grand Khan, figure emblématique d’une connaissance quasi illimitée, trônant dans la grande salle, d’une mémoire en l’occurrence troyenne réactualisé par l’intermédiaire des livres et des bâtiments d’où ils provenaient, à un futur non familier mis en image dans la grande salle par l’intermédiaire de la création en 3D d’un personnage de toutes les traversées, de tous les voyages, de toutes les navigations… tous les âges, tous les styles, tous les mondes pouvaient se trouver, se retrouver, recomposant dans la durée du spectacle, le corps social dans son hétérogénéité… et cette cohabitation harmonieuse, sur le fil funambule du récit, de tous ces publics, est sans doute une de nos plus belles récompenses…

Mais le temps fila… des séances furent supprimées, indépendamment de notre volonté… un réalisateur ayant vu le spectacle et travaillant avec la société Okénite nous proposa la création d’un DVD… dont l’élaboration se fit en un temps record… pour laisser des traces « de l’originalité et du déploiement de la démarche », dernière trace, mémoire de travail.

De l’affiche molle, sur les murs, les parois lisses, aux tracts en trois volets et qui reprend pour partie cette affiche…

Des cartes tamponnées par les comédiennes et les bibliothécaires (journées porte ouverte du mois de juin) aux cartes inventées par les médiateurs (mise en valeur des services de la médiathèque).
Des cartes créées conçues longuement (pour mon papa, ma grand-mère, mon ami, mon petit frère) aux cartes hâtivement dessinées sur place pour entrer « dans le jeu »…

Des cartes géantes des beaux-arts aux cartes en brique données à la collectivité, sans oublier le corps, les voix, les matériaux utilisés pour les costumes, l’écran vitré du premier étage et support de projection en bas… tous les supports ont été utilisés, du plus dur au plus immatériel… et donc tous les signes, s’y sont inscrits.
Révolution des supports, évolution des messages et dans la mémoire de ceux qui ont vécu cette aventure « le soleil à vraiment luit pour tous », l’éventail des possibles n’a cessé de s’ouvrir.
« Le soleil luit pour tous », de tous ses rayons et, forcément dans sa course, car nous n’avons fait que suspendre le temps, d’autres rayons apparaîtront, non encore tracés…


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