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Lignes de Vie
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Lancer de tractsLe 8 mai 2004 on célébra le soixantième anniversaire de la libération du fort de Romainville, les enfants des écoles étant en vacances en août.

Le 8 mai donc, c'est une belle date, sous une pluie drue et continue les élèves de onze classes de troisième de la Seine Saint Denis ont tenu bon et présenté un spectacle, dans le fort de Romainville, spectacle qu'ils préparaient depuis le mois de septembre. Ils venaient de Noisy le Sec, de Romainville, des Lilas, du Pré Saint Gervais.

Lignes de vie, dont la scénographie a été imaginée par Maryvonne Vénard et la musique par Michel Bertier sur des paroles de collégiens, comprenait onze stations sur un parcours à l'intérieur du fort. La symbolique a pu paraître obscure, probablement à cause du ciel, mais les concepteurs, Mme Vénard avec Antonio Iglesias, interrogés, ont répondu avec enthousiasme et précision à mes questions. Voici quelques extraits de leurs propos.

Devant les casemates, simulations de tombes pour identifier les femmes en transit vers RavensbrückLeur éthique justifiant le titre :« plutôt tracer des lignes, les lignes n'ont pas d'origine, et poussent par le milieu […] on est toujours au milieu de quelque chose, comme l'herbe. Plus on prend le monde là où il est, plus on a de chance de le changer ».
Suivre les lignes du programme scolaire : les « troisième » travaillent sur la biographie et la poésie engagée, l'histoire traite de la Seconde guerre mondiale, les professeurs de français et d'histoire sont concernés, ceux d'espagnol et d'allemand pour les résistants espagnols et allemands, ceux d'anglais bien sûr pour les Anglais en guerre, la résistance à Londres, les émissions de la BBC et ses messages, ceux de mathématique pour réfléchir à partir de statistiques « coût de la guerre en vie humaine, en nourriture, en armement… » , je cite), même les enseignants en musique sont sollicités et ceux en technologie pour la fabrication de tracts et de journaux.
Ce projet multidisciplinaire paraît trop beau ! mais il a été mis en place et développé par la Compagnie de La Pierre Noire, dont le siège est à Troyes, et ses intermittents, grâce aux enseignants bien sûr mais aussi avec l'appui des communes et des collectivités locales, de la région Île de France et de plusieurs ministères. Les militaires, propriétaires du fort, ont ouvert les portes, la Télévision française a donné accès à sa gigantesque antenne qui domine l'enceinte. Collégiens avec des parents, enseignants, élus ont pu entrer dans les casemates maintenant grillagées, où subsistent des inscriptions gravées, peut-être, par des condamnés qui y furent enfermés avant d'être fusillés au Mont Valérien.
Ce jour fut le début d'une initiation qui mena les élèves à parcourir les rues de leur commune en quête des plaques de celles qui portent le nom de résistants tombés près de chez eux. Étude de leur biographie, des combats de la libération…
Recueil de tracts, de journaux clandestins, de messages radiophoniques. Les élèves ont été amenés à imaginer leurs propres messages énigmatiques ou poétiques, à les fabriquer même avec des caractères typographiques en plomb, comme à l'époque.
Ce 8 mai, les fortes portes s'ouvrent, la barrière se lève, le public pénètre dans le fort : des parents, beaucoup de condisciples des jeunes acteurs. Premier arrêt pour un groupe d'ombres vêtues de blanc qui écrivent sur des murs de drap ; des tracts, plus loin, jaillissent d'un jeune suspendu à une corde (je croyais à tort à une tentative d'évasion !), des copies de lettres de fusillés accrochées aux grilles des casemates se brouillent sous la pluie. Des stèles provisoires devaient porter les noms des milliers de femmes passées par Romainville avant d'être déportées vers Ravensbrück (c'est là, la seule évocation des femmes internées). Dernière étape : le déroulement de larges bandes bleues, blanches puis rouges revêt des pentes herbues des fortifications, les drapant d'un immense drapeau tricolore, accompagné d'une Marseillaise reprise par tous. Ainsi s'achève cette quête de compréhension et de souvenirs sur le thème de la résistance. Cette réalisation a visiblement apporté aux quelque 300 élèves qui y ont participé un vrai savoir de cette histoire si présente de 60 ans passés. Ainsi fut perçu concrètement ce que fut la vie, les difficultés, les engagements, les passions de ceux qui les avaient précédés dans leurs lieux familiers. Ils sont maintenant soudés, me semble-t-il, par cette œuvre collective et imprégnés probablement du désir d'en savoir encore plus.

Merci à eux et à tous ceux qui les ont guidés.
Denise Vernay


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