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La déportation au lycée : de la scène au témoignage

Pour évoquer l'horreur de la déportation, le théâtre de la Pierre Noire présente dans les lycées une représentation courte et symbolique pour introduire, avec une force inouïe, le témoignage d'un survivant.

Symbole de vie, les bougies vont être méthodiquement soufflées Paul Chytelman devant les élèves de la seconde I. Un échange empli d'émotion

Vendredi après-midi, lycée Camille-Claudel, salle 109, un léger brouhaha accueille le théâtre de la Pierre Noire. Jean-Claude Steib, professeur d'histoire de la seconde 1 et président de l'antenne auboise des Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation, demande le silence. II n'aura à le faire qu'une fois.

5 juin 1942, rédaction d'une note administrative pour l'extermination des déportés dans les camions à gaz, la comédienne lit le texte : « Depuis décembre 1941, nous en avons traité 97 000, 97 000, 97 000… »

Tandis que la comédienne progresse dans sa lecture, une autre, à l'aide de bougies et d'une boîte métallique, interprète symboliquement ses propos. « La capacité normale est de neuf à dix par mètre carré, mais dans les camions plus grands nous avons des problèmes de stabilité ». Petit à petit, mécaniquement, précisément, les petites bougies sont enfermées dans la boîte. « Le chargement a tendance à être attiré par la lumière. Il faudrait maintenir un éclairage à l'avant ». Petit à petit, la boîte se ferme, les bougies s'éteignent.

Paul Chytelman, déporté durant quinze mois à Auschwitz prend la parole : « J'ai bientôt 80 ans. Je vous envie. Quand j'ai été déporté, j'avais votre âge. »

Pour l'ancien déporté, comme pour la classe de seconde, l'émotion est difficilement soutenable. Paul Chytelman lit néanmoins une note historique sur l'arrivée d'un convoi à Auschwitz. 985 personnes, la quasi-totalité du convoi, sont envoyées immédiatement à Birkenau, c'est-à-dire à la mort. « Ce convoi, c'était le mien. »

Une intervention trop courte

Durant une bonne demi-heure, Paul Chytelman va ensuite se prêter au jeu des questions et réponses. Un temps bien trop court. L'heure de cours est terminée, mais personne ne songe à bouger. Des dizaines de questions sont sur les lèvres. À la demande générale, Paul Chytelman reviendra. Mais le contexte sera-t-il encore aussi propice à l'échange ?

« On utilise le théâtre en temps qu'instrument de transmission d'une mémoire qui est en train de s'effriter », explique Antonio Iglesias, directeur technique de la Pierre Noire. « Là, on est à cheval sur deux époques. Dans deux ou trois ans, on n'aura plus de déportés pour témoigner. Il faut profiter de cette chance », poursuit le directeur.

L'idée de ces représentations devant une seule classe - « pour que la dramatique soit plus forte » - est née à la suite d'une représentation donnée à l'espace Gérard-Philipe sur le thème de la déportation. Cette commande de la fondation pour la mémoire de la déportation a été adaptée pour être donnée dans de simples salles de cours. Pour captiver l'attention.

Particulièrement judicieux, le choix de textes originaux de l'administration nazie permet de plonger avec rigueur dans la réalité de l'holocauste. Et d'y rester ensuite avec la force du témoignage des survivants.

Pour ne pas oublier, pour ne pas laisser dire les négationnistes, le théâtre de la Pierre Noire est prêt à poursuivre l'expérience l'année prochaine. Paul Chytelman aussi.

Domicilié à Tonnerre, il témoigne aussi pour que cela n'arrive plus jamais. Aux lycéens, il tient à laisser cette phrase de Saint-Exupéry : « Si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m'enrichis. »

Bruno DUMORTIER


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