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Lignes de Vie
Visuel Les Chemins de la Mémoire

esquisse réalisée par un élève et groupe d'élèves sur le siteDes collégiens et des lycéens du département de Seine-Saint-Denis se sont engagés, depuis la rentrée scolaire 2004, dans un travail de mémoire original et artistique sur la Déportation qui donnera lieu à des représentations sur le site de l'ancienne gare de Bobigny.

Lieu de mémoire, ligne de vie

Grâce à un partenariat qui s'inscrit dans la durée avec l'État (1), des collectivités territoriales, des associations de résistants et déportés et des industriels, la compagnie de la Pierre noire, en résidence artistique à Bobigny, a invité, durant plusieurs semaines, des élèves de collèges et lycées de Seine-Saint-Denis à une réflexion sur le « crash » de l'humanité qu'a représenté le nazisme. Tels des « enquêteurs » après une « catastrophe », ces jeunes cherchent à comprendre et à analyser les mécanismes qui ont abouti à former des convois pour les camps de la mort depuis, entre autres, la gare de Bobigny. C'est pour eux une autre manière, ancrée dans le concret et le contemporain, d'aborder l'histoire à travers l'approche artistique de la compagnie théâtrale, à l'initiative du projet. Aujourd'hui, une voie ferrée, une gare désaffectée, une industrie de récupération de métaux, c'est ainsi que se présente, à deux pas des grands ensembles d'une cité, le site de l'ancienne gare de Bobigny. Les artistes, qui avaient le projet de travailler sur la Déportation avec des enseignants, ont découvert ce lieu qui s'est imposé à eux comme celui de « chemin de vies anéanties dans les camps, une gare des pas perdus, une gare sans voix ». C'était là que devait se faire le travail de mémoire, qui est aussi pour les élèves un travail sur la citoyenneté et un moyen de comprendre et de s'approprier leur environnement et son histoire.

Puissance d'évocation du lieu

Le projet artistique a recueilli l'adhésion de tous les partenaires. Sur place, en mai et juin, les représentations (2) évoqueront un parcours de mémoire de 1918 à 1945. Un train de l'histoire transportera les visiteurs à travers ce paysage. Il fera des arrêts près de « boîtes noires » (3) placées au milieu de la ferraille, qui marqueront les grandes étapes de la montée du nazisme et de la mise en place de la politique de Hitler conduisant à la déportation de millions de personnes en Europe. Elles s'ouvriront pour laisser s'échapper des sons et des textes choisis et enregistrés par les jeunes et des témoins de cette époque. Au bout de ce voyage, à l'arrivée dans la gare de Bobigny, de la dernière boîte noire s'échapperont les mots d'espoir de lycéens et collégiens qui ont participé au concours « Mémoire de guerre, paroles de paix » (voir n° 145).
Ces représentations seront l'aboutissement d'un travail pédagogique interdisciplinaire qui fait appel à de nouvelles pratiques pour révéler de nouveaux regards. Les enseignants, médiateurs indispensables, ont eux aussi été saisis par la puissance d'évocation de l'endroit et les possibilités qu'il offrait. Un professeur du collège René-Cassin à Noisy-le-Sec souligne la méthode originale utilisée pour un travail sur l'acier avec ses élèves de troisième: « Le site de Bobigny, montagne de métal tordu, enchevêtré, amas d'objets identifiables ou non: la matière est là présente, omniprésente. Comment mieux faire comprendre aux élèves avec qui on travaille sur cette « histoire du XXe siècle » que la guerre se prépare et se fait à partir de la matière, d'une matière produite puis transformée : l'acier ? Quel regard l'ouvrier, le patron, le commanditaire portent-ils sur celle-ci ? Un travail d'écriture (tracts, discours, rapports…) devrait permettre d'appréhender ces différents points de vue, ces différentes logiques et de se poser la question de possibles ruptures dans cette chaîne de justification ». L'idée qui sous-tend ce travail est que chacun, « commotionné », ému, interrogé par la réalité d'un lieu, tisse des passerelles entre le monde réel, où matières, histoire et territoire s'enchevêtrent, et le monde abstrait des concepts où les connaissances et les représentations s'organisent et se structurent. À travers ce projet, une sorte de réconciliation s'opère pour les élèves entre ce qu'ils déchiffrent d'une réalité - le site de Bobigny - dans toute sa complexité industrielle et humaine et ce qu'ils apprennent dans les manuels scolaires.
Les représentations « artistiques » font prendre conscience aux adolescents que par la création ils peuvent redonner cohérence à ce qui semble chaos et non-sens, désastre urbanistique et historique ou même affectif.
Comme les élèves avaient étudié en cours d'arts graphiques l'oeuvre de Picasso « Guernica », la Pierre noire l'a inscrite dans le parcours scénographique. Sur ce thème, la production des élèves est aussi abondante que surprenante.
Ainsi, des élèves du lycée professionnel Alfred-Costes de Bobigny, ont effectué des esquisses in situ, qu'ils ont ensuite retravaillées en classe, surimposant sur leurs croquis des détails du tableau. Les travaux rendent compte du choc qu'a produit sur eux la découverte du passé : tous ces hommes, ces femmes, ces enfants internés au camp de Drancy qui partirent vers les camps depuis leur gare, celle de Bobigny. Un lycéen a fait, par exemple, une « relecture » de la halle depuis laquelle étaient emmenés les déportés, à travers un fragment de « Guernica » ; un autre a écrit une interview imaginaire (voir encadré).


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